Patinir, décisif !

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 28 août 2007 - 251 mots

Pas plus d’une vingtaine de tableaux non datés et rarement signés. L’œuvre du maître flamand Joachim Patinir (1485-1524) est aussi mince que décisive dans la construction de la peinture de paysage. Le musée du Prado revient sur cette généalogie picturale pour une exposition en forme d’expertise et de luxueuse leçon d’histoire de l’art : David, Bosch ou Dürer pour ceux qui nourrirent sa peinture, Joos Van Cleve ou Jan Van Amstel pour ceux qui lui en furent redevables.
Mais le choc vient surtout des vingt-deux tableaux peints par ou attribués à Patinir entre 1515 et 1524. Sous le pinceau précis du maître, le paysage cherche puis trouve une autonomie inédite. D’arrière-fond, il devient élément principal, inversant littéralement le rapport figure/nature : ce sont les premiers pas de la peinture de paysage dont l’école flamande fixera les règles.
Les scènes religieuses sont chez Patinir prétextes à détailler des paysages fantastiques et visionnaires. Cités, cours d’eau, rochers vertigineux, volcans… le peintre multiplie les motifs paysagers avec une clarté et une finesse invraisemblables dans les zones les plus reculées des compositions. À ces manières primitives, s’ajoutent déjà quelques audaces spatiales. En témoigne l’étagement subtil des plans dans l’un des Paysage avec saint Jérôme (1516-1517) : brun-ocre, vert, puis bleu pour le plan lointain, le découpage de la toile gagne en profondeur et met en place les prémices de la perspective aérienne. 

« Patinir and the Invention of Landscape », musée du Prado, paseo del Prado s/n, Madrid (Espagne), tél. 00 34 91 330 28 00, jusqu’au 7 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : Patinir, décisif !

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