L’impertinence retrouvée des trublions du Pop Art

L'ŒIL

Le 28 août 2007 - 377 mots

Tête d’affiche de l’exposition du musée Frieder Burda de Baden-Baden, Andy Warhol ne décevra pas ses fans. Quelques « incunables » du Pop Art se trouvent, en effet, réunis dans cette présentation de la célèbre collection Erich Marx, habituellement à Berlin. Parmi les « icônes » de la star et de ses acolytes, disciples ou suiveurs, citons (parmi quarante-cinq peintures de grand format et quarante dessins de l’artiste) : la Multicolored Marilyn (1979-1986), le Double Elvis (1963), les Ten-Foot Flowers (1967), le célèbre portrait acidulé de Mao (1973) ou encore, la non moins fameuse Big Electric Chair (1967).
Affadies, dénaturées à force d’avoir été placardées ou reproduites sur les cimaises et les tee-shirts du monde entier, ces images cultes retrouvent ici toute la vigueur et l’insolence de leurs dérapages chromatiques contrôlés. Déclinée en rose sur fond mauve, en jaune sur fond bleu, en rose sur fond jaune et en brun sur fond bleu, la vache (Cow, Wallpaper, 1966-1976) renvoie l’image pop de l’absurdité de notre triste condition d’animaux travestis en hommes sophistiqués. Surgissant du noir, le visage sérigraphié éclaboussé de rose et de jaune phosphorescents de Marilyn nous donne
à voir le masque fantomatique et déliquescent d’une lugubre poupée.
La proximité des œuvres macabres et de celles, en apparence, plus légères composées par Warhol permet de prendre toute la mesure de la recherche accomplie, tant sur le plan des techniques graphiques que sur le plan thématique, par l’artiste qui fut, et est encore, pourtant sans cesse taxé de superficialité. Décoloration, recoloration, hybridation, démultiplication, superposition… Véritables palimpsestes du réel, les images retravaillées du pape du Pop Art, transformant la violence et la banalité du quotidien en allégories clinquantes, ne pouvaient qu’entrer en résonance avec les Combine Painting de Robert Rauschenberg et les Peintures Imparfaites de Roy Lichtenstein, avec les « dispersions de couleurs » et les peintures de bitume de Cy Twombly ainsi que les tableaux matières d’Anselm Kiefer. Autant d’œuvres procédant du même recyclage des déchets de la société de consommation et de la « société du spectacle », mais aussi de l’ère atomique. C’est ce qu’a très tôt compris Erich Marx. Un grand collectionneur donc.

« Warhol, Rauschenberg, Lichtenstein, Twombly, Kiefer. La collection Erich Marx à Baden-Baden », Museum Frieder Burda, Lichtentaler allee 8”‰b, Baden-Baden (Allemagne), tél. 00 49 7221 39 89 80, jusqu’au 7 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : L’impertinence retrouvée des trublions du Pop Art

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