À Vincennes, le donjon renoue avec son règne

Par Sophie Flouquet · L'ŒIL

Le 28 août 2007 - 380 mots

Après quinze années de fermeture, le donjon de Vincennes relève enfin sa herse au public après de très lourds travaux de rénovation. L’imposante forteresse érigée de 1360 à 1369, sous le règne de Jean le Bon (1350-1364) puis de son fils Charles V (1364-1380) à l’orée de la forêt de Vincennes a en effet subi un sérieux lifting : structures renforcées mais aussi ravalement et restauration intérieure, même si très peu d’éléments d’origine ont été conservés. Car si la place était militaire, elle était aussi une luxueuse résidence royale, dont les plafonds étaient ornés de lambris et de peintures et où l’on trouvait de nombreux éléments sculptés. Elle a malheureusement subi les outrages du temps, notamment après avoir été transformée en prison au XVIIIe siècle.
Le second objectif des travaux était de redonner du sens à la visite, chose toujours difficile dans ce type de construction militaire. Le parcours prend d’abord soin de restituer la cohérence des circulations, rendues complexes par les besoins de protection de la place forte. L’entrée s’effectue ainsi par l’étage du châtelet, qui permet d’accéder au premier étage du donjon mais aussi au chemin de ronde d’où l’on embrasse la vue sur le site.
À l’intérieur du donjon, la visite s’attache principalement à évoquer la personnalité de Charles V et la construction de la place, évoquée dans un film projeté dans l’ancienne salle du Conseil. Les technologies numériques ont aussi été intelligemment mobilisées pour évoquer la richesse des collections royales, notamment celles de bibliophilie. Un lutrin numérique permet ainsi de feuilleter quelques uns des livres précieux de la « librairie » de Charles V, aujourd’hui conservés à la Bibliothèque nationale, et que le roi conservait jadis dans un coffre installé dans l’embrasure de l’une des fenêtres de son appartement. Un autre dispositif interactif permet de visualiser quelques pièces des collections royales conservées au musée du Louvre. La visite se poursuit dans les niveaux et s’achève dans les sous-sols pour évoquer l’histoire carcérale du lieu.
Pour des raisons de sécurité, les parties supérieures de l’édifice ne restent toutefois accessibles que dans le cadre de visites guidées, toujours utiles pour qui voudra saisir la complexité du projet de Vincennes, véritable ville administrative construite ex nihilo à quelques lieues de la capitale.

Château de Vincennes, avenue de Paris, Vincennes (94), tél. 01 48 08 31 20, www.monuments-nationaux.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : À Vincennes, le donjon renoue avec son règne

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