Biennale

En direct de la Biennale de Venise

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 28 août 2007 - 680 mots

Créée en 1895, la Biennale de Venise est la doyenne des grandes manifestations internationales d’art contemporain. En dépit de la création d’autres événements analogues, tels que la Documenta de Kassel, le rendez-vous qu’elle propose demeure incontournable. Certes, elle doit son standing au cadre unique dans lequel elle se déroule, mais aussi à sa gestion toujours dynamique et innovante. De bonne tenue, mais sans plus, cette 52e Biennale s’offre à voir surtout pour sa charge politique et sa perspective muséale. Le point complet avec l’équipe de L’œil qui a visité de long en large, pour ses lecteurs, cette manifestation qui se termine le 21 novembre 2007...

Le cru 2007 de la Biennale de Venise – le 52e du nom – est, à double titre, le premier du genre : d’une part, à faire appel à un commissaire américain, Robert Storr, pilier du renouveau du MoMA de New York au cours des années 1990 ; de l’autre, à compter un nouveau pavillon italien, indépendant, distinct de l’ancien qui accueille chaque fois l’exposition de référence du commissaire.

La Biennale, une photographie internationale de l’art actuel
Eu égard à ses semblables, le fonctionnement de la Biennale de Venise sur le modèle des pavillons nationaux fait sa spécificité. Chaque pays qui y participe présente un ou plusieurs artistes, soit dans un bâtiment permanent à son enseigne – inclus dans les fameux « Giardini » à l’extrémité est de la lagune –, soit dans un palais ou autre édifice prêté ou loué pour l’occasion. Avec soixante-seize pays participants cette année – un record –, c’est dire si la Biennale invite le visiteur à une vraie découverte de la cité des Doges. D’autant qu’elle se développe aussi sur le site désaffecté de la Corderie de l’Arsenal pour faire place à une exposition internationale d’artistes émergents et qu’une série d’expositions collatérales viennent mailler la ville durant les cinq mois et demi que dure la manifestation.
À l’instar de ce type d’opérations, la Biennale de Venise désigne chaque fois un jury international dont la charge est de décerner quatre « lions d’or » visant à récompenser les meilleures prestations. Le premier est attribué à un artiste qui participe à l’exposition du commissaire dans le pavillon international, le second à un artiste de moins de quarante ans, le troisième au meilleur pavillon national, le quatrième à un critique ou historien d’art pour sa contribution à l’art contemporain. Contrairement à l’habitude, ces prix ne seront déclarés cette année qu’en octobre. En revanche, un lion d’or spécial a d’ores et déjà été attribué au photographe africain Malick Sidibé pour l’ensemble de sa carrière (lire p. 34).
Présentée chaque fois sous un intitulé générique qui lui donne un semblant de concept directeur, la Biennale de Venise n’en demeure pas moins une manifestation grande ouverte, plastiquement éclectique. Robert Storr qui signe donc le cru 2007 a choisi pour thème : « Penser avec les sens – Sentir avec l’esprit. L’art au présent », une formule passe-partout parfaitement adaptée à la situation actuelle qui cultive volontiers le paradoxe et les extrêmes. Deux dominantes distinguent toutefois ce 52e numéro des précédents : sa charge politique et son aspect muséal. Rien de moins étonnant puisqu’elle est d’une part le fait d’un conservateur, de l’autre à l’image d’une époque en proie à de violentes luttes idéologiques.
Attendue tous les deux ans par tous les professionnels et amateurs d’art contem­porain, la Biennale de Venise l’est surtout parce qu’elle est tout à la fois le lieu de confirmation d’une carrière et un tremplin. Parce qu’elle offre à voir des expositions qui sont autant d’occasions de revisiter la démarche de certains artistes que de certains moments de l’histoire de l’art contemporain. Parce qu’enfin, dans un monde où le marché prend le pas sur toute considération esthétique, elle permet aux collectionneurs de prendre le pouls de la situation artistique. 

Repères

57 pavillons nationaux ou plurinationaux présentent un ou plusieurs artistes. 76 pays représentés en 2007. 500 (environ) artistes participent à la manifestation. 3”‰000 m2 de surface d’exposition pour le pavillon italien (Giardini). 12”‰000 m2 de surface d’exposition pour l’Arsenal. 30”‰000 personnalités internationales du monde de l’art ont assisté à l’inauguration de la 52e Biennale de Venise.

Les pavillons

Afrique : (Artistes issus de la collection Sindika Dokolo) Ghada Amer, Oladélé Bamgboyé, Miquel Barceló, Jean-Michel Basquiat, Mario Benjamin, Bili Bidjocka, Zoulikha Bouabdellah, Loulou Cherinet, Marlene Dumas, Mounir Fatmi, Kendell Geers, Angel Ihosvanny, Alfredo Jaar, Paulo Kapela, Amal Kenawy, Kiluanji Kia Henda, Paul D. Miller alias DJ Spooky, Santu Mofokeng, Nástio Mosquito, Ndilo Mutima, Ingrid Mwangi, Chris Ofili, Olu Oguibe, Tracey Rose, Ruth Sacks, Yinka Shonibare, Minette Vari, Viteix, Andy Warhol, Yonamine. Albanie : Helidon Gjergji, Genti Gjokola, Alban Hajdinaj, Armando Lulaj, Heldi Pema. Allemagne : Isa Genzken. Argentine : Guillermo Kuitca. Arménie Sonia Balassanian. Australie : Susan Norrie, Callum Morton, Daniel von Sturmer. Autriche : Herbert Brandl. Belgique : Eric Duyckaerts. Brésil : José Damasceno, Angela Detanico et Rafael Lain. Bulgarie : Pravdoliub Ivanov, Ivan Moudov, Stefan Nikolaev. Canada : David Altmejd. Croatie : Ivana Franke. Danemark : Troels Wörsel.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°594 du 1 septembre 2007, avec le titre suivant : En direct de la Biennale de Venise

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