Foire & Salon

Soon un salon aux ressources multiples

Par Aurélie Romanacce · L'ŒIL

Le 22 novembre 2017 - 777 mots

Après avoir été annulé l’an passé, le salon dédié aux œuvres d’art multiples revient du 1er au 3 décembre 2017 à Paris. Désormais biennale, Soon mise sur des créations originales numérotées d’artistes renommés à des prix accessibles pour attirer de nouveaux collectionneurs.

« Quand on a lancé Soon en 2014, il n’y avait plus aucun événement autour du multiple », se souvient Carine Tissot, cofondatrice du salon aux côtés de Christine Phal. En effet, il faut remonter à 2013 pour assister au dernier salon consacré aux éditions d’artistes organisé par le Cneai (le Centre national édition art et image) au Palais de Tokyo lors de la Nuit blanche. Une fin en apothéose pour le Salon Light qui fêtait ses dix ans dans une institution à la fois prestigieuse et branchée après avoir occupé l’espace plus confidentiel du Point Éphémère. C’est le moment que choisissent Carine Tissot et Christine Phal pour lancer Soon, salon de l’œuvre originale numérotée. Un pari risqué ? En tout cas, les deux fondatrices peuvent se targuer de posséder une savante maîtrise des tendances du marché puisqu’elles sont à l’origine de Drawing Now, salon du dessin contemporain à succès qui a lieu chaque année au Carreau du Temple.

Si l’on est encore loin de l’engouement pour le dessin qu’avait pressenti Christine Phal en créant Drawing Now il y a onze ans, Carine Tissot est convaincue que « l’œuvre multiple, comme le dessin qu’on montrait auparavant dans les réserves des galeries, est une pépite qu’on réserve à certains de ses clients privilégiés ». Mais qu’en est-il de l’aura de l’œuvre unique ? Pour la codirectrice de Soon, loin d’être un « sous-travail », le multiple a toujours été une pratique à part entière chez de nombreux artistes. Éditée entre dix et trente exemplaires, l’œuvre peut parfois atteindre cent tirages, « mais rarement plus même si, à une époque, cela pouvait aller jusqu’à cinq cents exemplaires », reconnaît Carine Tissot. Chaque pièce est numérotée et signée par l’artiste, preuve de l’implication du créateur dans le projet à l’inverse des reproductions mécanisées destinées aux boutiques des musées. L’exposition actuelle « Louise Bourgeois: An Unfolding Portrait » au MoMA de New York, qui se tient jusqu’au 28 janvier 2018, en est l’un des exemples les plus frappants puisqu’on y découvre le travail conséquent de l’artiste sur les estampes et les éditions d’art.
 

MAD contre SOON

À croire que le multiple se prête mieux à l’anglicisme, le salon Soon est rejoint dès 2015 par MAD (Multiple Art Days), une foire elle aussi spécialisée dans l’édition d’œuvres multiples. Si le salon semble nouveau sur le marché, l’initiatrice de la foire est en revanche une spécialiste du sujet puisqu’il s’agit de Sylvie Boulanger, directrice du Cneai… et de l’ancien Salon Light. Déterminée cette fois à élargir son salon aux œuvres d’art multiples et plus seulement aux éditions d’artistes, la directrice choisit également un lieu bien identifié par le public du monde de l’art et des collectionneurs en s’installant à la Maison rouge. Si Soon est d’une taille relativement modeste et accueille pour cette troisième édition vingt-cinq galeries, MAD affiche plus du double d’exposants avec soixante-dix éditeurs internationaux.

Pourtant, les directrices de Soon, loin de voir l’arrivée de MAD d’un mauvais œil, préfèrent se réjouir de la venue d’un autre participant, signe de la vitalité du marché. Quant au rythme de la foire devenue biennale, « il s’est imposé de lui-même », soutient Carine Tissot. « Il donne le temps aux galeries et éditeurs de présenter de nouvelles propositions », poursuit-elle. Car Soon s’attache à présenter un certain nombre de projets conçus spécifiquement pour l’édition. C’est le cas notamment de l’Urdla, centre d’art contemporain dédié à l’estampe à Villeurbanne, qui présente le travail de Rainier Lericolais autour de deux « ready-mades imprimés », se réjouit son directeur, Cyrille Noirjean. L’artiste, dont le travail de dessins et de collages avait fait l’objet d’un grand solo-show à Drawing Now, présente une série d’estampes d’un grand disque de métal de Verdi à vingt exemplaires et de dix disques en carton (entre 500 et 1 000 euros pièce), ainsi qu’une série de huit lithographies réalisées à partir de ses grattages et collages en noir et blanc (500 euros pièce). Autre galerie incontournable pour les amateurs de dessin, la Galerie Catherine Putman, présente des œuvres entre 100 et 1 000 euros, tandis que, dans un tout autre genre, l’éditrice Minimasterpiece rassemble des bijoux d’artistes contemporains, dont Jean-Luc Moulène.

Que ce soit pour compléter un grand ensemble, comme ce fut le cas d’un collectionneur de François Morellet, ou pour faire l’acquisition d’une œuvre d’un artiste fétiche, comme l’édition de Signal de Christian Boltanski pour Carine Tissot, Soon permet avant les fêtes d’acheter de l’art ou d’en offrir à partir de 100 euros.

 

« Soon »,
du 1er au 3 décembre 2017, Bastille Design Center, 74, boulevard Richard-Lenoir, Paris-11e. De 12 h à 20 h. Tarifs entre 5 et 7 euros. www.soonparis.com

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Soon un salon aux ressources multiples

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque