Photographie

Paris-8e

L’élégance d’Irving Penn

Galeries nationales du Grand Palais jusqu’au 29 janvier 2018

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 26 octobre 2017 - 338 mots

Après Walker Evans (1903-1975) à l’affiche du Centre Pompidou au premier semestre, c’est au tour d’Irving Penn (1917-2009), autre monstre sacré de la photographie, de faire au Grand Palais l’événement photo du second semestre 2017.

L’élégante rétrospective concoctée par le Metropolitan Museum of Art pour le centième anniversaire de la naissance du photographe américain n’est pas d’ailleurs sans rappeler l’influence qu’exerça Evans sur les premières images de Penn en 1938. Ces dernières ne sont pas également sans rapport avec les liens entretenus avec le directeur artistique de Harper’s Bazaar, le graphiste et photographe de talent Alexey Brodovitch, son mentor. Mais ses études de vitrines ou de publicités ont été de courte durée. La mode féminine, la publicité et les portraits des plus grandes figures artistiques, intellectuelles ou politiques pour Vogue l’ont happé au rythme des commandes portées par le talent de ce maître de l’épure et du tirage. On ne l’est pas moins au Grand Palais devant les deux cent trente-cinq photographies toutes tirées par Penn. Le déroulement chronologique de l’œuvre, si classique soit-il, ramène au rôle du décor neutre, à l’importance et aux potentialités du détail tout autant qu’à celles du tirage. La matérialité de l’épreuve s’exprime dans un nuancier velouté de gris et de noirs vertigineux. Le détail fait la photo. L’œil perçant de Picasso ou la gracilité d’un mouchoir en voile dépassant d’un gant en disent plus de l’homme ou de l’accessoire qu’un plan large. Photographies de mode, portraits de célébrité, voyages au Pérou ou en Nouvelle-Guinée, série des petits métiers, de nus ou de mégots de cigarette : de salle en salle, s’affirme la vision singulière d’un homme qui a fait école. Exposé en majesté, le gris marbré du vieux rideau de théâtre trouvé à Paris que Penn utilisa jusqu’à la fin de sa vie en fond de décor évoque lui-même la puissance du minimalisme. Les portraits de mode de Lisa Fonssagrives et son film sur Penn en Nouvelle-Guinée ramènent pour leur part à la muse et à l’épouse que fut le célèbre mannequin.

 

« Irving Penn »,
Galeries nationales du Grand Palais, place Clemenceau, Paris-8e, www.grandpalais.fr

 

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : L’élégance d’Irving Penn

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