La géométrie de la lumière

Par Christian Simenc · L'ŒIL

Le 26 octobre 2017 - 446 mots

Abou Dhabi  - Ce n’est plus un bâtiment, mais un vrai « Guinness Book des records » à lui tout seul.

Imaginée par l’architecte français Jean Nouvel, la nouvelle filiale du Musée du Louvre, à Abou Dhabi, surfe, en effet, sur des chiffres mirobolants, hormis celui du coût de la construction, tenu secret. Surface du projet : 97 000 m2. Diamètre de la coupole qui le recouvre en partie : 180 m. Mieux, son poids : 7 500 tonnes, soit « presque autant que la tour Eiffel », selon le dossier de presse. Nombre de piliers qui fondent l’édifice dans les eaux du golfe Persique : 4 500. On pourrait ainsi continuer longtemps dans la démesure, n’était-ce le résultat : splendide.Ancré à la pointe ouest de l’île de Saadiyat, l’édifice se compose de deux parties distinctes : une flopée de bâtiments blancs cubiques et cette immense coupole donc, légèrement aplatie. « Je voulais, avec quelques archétypes de l’architecture traditionnelle arabe comme la coupole et la médina, créer une architecture arabe d’aujourd’hui », explique, in situ, Jean Nouvel. Le défi était, certes, osé, mais le résultat séduit. D’abord, il y a cette série de bâtiments cubiques en béton blanc, 55 en tout, qui logent notamment les 23 salles d’exposition d’une surface totale de 8 600 m2. « J’apprécie beaucoup l’architecture arabe et deux notions en particulier : la lumière et la géométrie », avoue Nouvel. Le visiteur retrouvera évidemment ces deux principes au fil du parcours muséal, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, où la mer se fraye parfois des passages entre les édifices. À l’intérieur, tout a été dessiné au cordeau pour accueillir quelque 600 pièces. Selon les œuvres exposées, les sols réalisés en pierre noble –marbre, pierre du Hainaut… – changent d’une salle à l’autre. Certains espaces sont éclairés zénithalement grâce à un système sophistiqué composé d’une vingtaine de types de verre différents, dont la superposition génère des effets de moirage. Les vastes vitrines, faites de verre et d’une fine structure de bronze, permettent d’exhiber au mieux les œuvres.Ensuite et surtout, il y a cette immense coupole, que l’on ne découvre vraiment qu’une fois avoir amplement pénétré au cœur de cette « ville-musée ». Constituée de huit couches de métal – inox, fer ou aluminium – d’une épaisseur de 7 m, elle lévite à 29 m de hauteur, soutenue seulement par quatre piliers judicieusement dissimulés dans les bâtiments. Ajourée d’un subtil jeu de motifs étoilés, elle projette au sol et sur les murs une multitude de taches de lumière qui, évidemment, changent perpétuellement selon l’heure de la journée et la saison. « Ce principe de variation de la lumière naturelle crée une cinétique que l’on a appelée “pluie de lumière” », souligne Jean Nouvel. L’effet est proprement bluffant.

À savoir
Sur l’île de Saadiyat, le nouveau Musée du Louvre-Abu Dhabi devrait être entouré de quatre autres grands équipements conçus par autant d’architectes prestigieux : un Musée maritime par le Japonais Tadao Ando, un Musée d’histoire nationale par le Britannique Norman Foster, un « Guggenheim » par l’Américain Frank Gehry, enfin le Performing Arts Center de feu l’Anglo-Irakienne Zaha Hadid.
À voir
Musée du Louvre Abou Dhabi, Saadiyat Cultural District, Abu Dhabi, Émirats arabes unis, www.louvreabudhabi.ae

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°706 du 1 novembre 2017, avec le titre suivant : La géométrie de la lumière

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