Anders Zorn

Par Chris Cyrille · L'ŒIL

Le 2 octobre 2017 - 533 mots

Portraitiste mondain pour la bonne société parisienne et américaine, le Suédois Anders Zorn (1860-1920) n’en reste pas moins un peintre audacieux.

La vie parisienne
Né à Mora (petite commune suédoise) en 1860, le peintre Anders Zorn s’installe avec son épouse à Paris en 1888. C’est ici, dans cette ville, qu’il commence à construire sa renommée internationale. Un pêcheur à Saint-Ives en Cornouailles, première œuvre présentée au Salon de Paris, reçoit en 1888 une mention honorable. La toile est achetée par l’État français pour le Musée du Luxembourg. La consécration ne tardant pas, il est promu officier de la Légion d’honneur l’année suivante. Alors que l’impressionnisme commence à s’installer, Zorn s’évertue à libérer sa main en déposant avec minutie ses « impressions » sur la toile, ce qui ne manquera pas de choquer à Paris. L’œuvre Omnibus, présentée au Salon de la Société des beaux-arts en 1892, interpelle autant par l’audace du sujet que par sa facture et son cadrage.

Les baigneuses de Zorn
L’onde miroitante de l’eau et les effets de lumière sont autant de soucis qu’Anders Zorn, soucieux de réalisme, solutionne. Reflets est le tableau d’un nu moderne avec son jeu de lumières et le traitement des clapotis des vagues. Parfois comparées à celles de Renoir – les deux peintres se connaissaient, ils exposent tous deux à la Galerie Georges Petit –, ses femmes se baignant dans l’archipel de Stockholm sont une manière pour lui de réaliser ses propres baigneuses qu’il constitue véritablement à la fin des années 1880. C’est en observateur qu’il utilise régulièrement la photographie – il eut aussi une formidable carrière de graveur – afin de produire ses peintures. Ses cadrages, en contre-plongée et où les corps peuvent être partiellement coupés, restent pour le moins étonnants pour l’époque. L’artiste sait également saisir des moments d’intimité presque érotiques lorsqu’il photographie dans son yacht une jeune femme, de face, le rejoignant. Ce qui pouvait froisser les plus difficultueux.

Images de la Suède
En dépit de ses influences et de ses audaces, Anders Zorn reste un peintre résolument suédois. Véritable référence dans son pays d’origine – c’est moins le cas en France, du moins, pour le moment –, son amour pour sa province, la Dalécarlie, ne le quittera jamais. Il consacrera les dernières années de sa vie à la Suède, où il se réinstalle définitivement en 1896. Bien que mondain – il continuera ses peintures et ses portraits « officiels » –, il s’abandonne progressivement à une peinture de genre dépeignant des scènes modestes. Plutôt légères, ces œuvres sont autant de baisers envoyés à sa patrie. La Danse de la Saint-Jean, tableau dont il dira être le plus fier, montre ces quelques détentes cadencées que se permettent les paysans. Ses « fouettés » laissent place à une facture moins audacieuse soulignant le caractère anecdotique de ces scènes joyeuses. Il s’éteint le 22 août 1920 à l’hôpital de Mora, suite à une intervention chirurgicale, léguant à la Suède une œuvre monumentale.

1860
Naissance à Mora (Suède)
1875
Formation à l’Académie royale des arts de Stockholm
1881
Quitte la Suède
1882
Fait la connaissance d’Axel Herman Haig qui l’initie à la gravure
1893
Part pour les États-Unis. Son activité de portraitiste s’intensifie
1906
Exposition à la Galerie Durand-Ruel
1920
Décès à Stockholm

« Anders Zorn. Le maître de la peinture suédoise »,
du 15 septembre au 17 décembre 2017. Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris-8e. Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 11 h, vendredi jusqu’à 21 h. Tarifs : 11 et 9 €. Commissaires : Johan Cederlund, Christophe Leribault, Carl-Johan Olsson. www.petitpalais.paris.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°705 du 1 octobre 2017, avec le titre suivant : Anders Zorn

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