Dix siècles de navigation entre l’Occident et l’Orient

« Pour bien faire ressentir les peurs et inquiétudes de la mer, j’ai voulu une première salle sombre et grandiose », commente Vincent Giovannoni, commissaire de l’exposition, anthropologue, conservateur au MuCEM, qui fut aussi charpentier de marine et skipper dans une autre vie. La suite du parcours est plus apaisée. Un espace aux cimaises azur accueille des maquettes de navires issus de tous horizons et des cartes remarquables comme ce planisphère catalan de 1450. Les salles suivantes nous immergent au cœur de dix siècles d’échanges maritimes commerciaux et culturels entre l’Occident et l’Orient. Plus de deux cents œuvres provenant d’une cinquantaine de lieux, de Venise à Singapour en passant par l’île de la Réunion, Londres ou Dubrovnik, témoignent de la diversité, de la richesse et de la complexité de ces échanges. Une encre de chine, peinture sur soie chinoise du XVIe ou du XVIIe siècle représentant une girafe du Bengale offerte à l’empereur chinois Yongle en 1414, rappelle les ambitions maritimes de cet empereur qui mit en chantier une flotte de deux cents navires. Après sa mort, son successeur fit brûler la flotte et interdire la construction de tout navire de plus de deux mâts, laissant le champ libre aux marines occidentales. Vasco de Gama fut le premier marin européen à atteindre l’Inde, ouvrant une voie maritime qui devait définitivement changer la dynamique des échanges entre Orient et Occident. Une magistrale tapisserie du XVIe siècle représente l’arrivée de Vasco de Gama à Calicut (Inde). C. Cy.