Les ineffables incarnations d’Anna Zemánková

Ce qui frappe immédiatement, c’est l’extrême diversité de chaque composition. D’étranges formes aux sinuosités colorées évoquent des plantes, des fleurs tropicales, des anémones de mer, des coraux, des animaux ou des végétaux fossilisés. Aucune ne se ressemble, chacune obéit à une logique organique bien particulière. Cette exceptionnelle exposition permet de découvrir cent soixante œuvres d’Anna Zemánková (1908-1986). Née à Olomouc, en Moravie, la jeune fille est très tôt attirée par la peinture. Elle suit une formation de prothésiste dentaire et ouvre son propre cabinet. Elle se marie avec un officier en 1933. Après la naissance de son deuxième fils en 1936, elle ferme son cabinet et abandonne la peinture pour ne se consacrer qu’à sa famille, qui déménage à Prague en 1948. Anna est souvent dépressive. En 1960, poussée par ses fils, elle se remet à peindre. Alors que ses proches dorment, elle aime dessiner entre trois et quatre heures du matin, avec le sentiment de capter des forces magnétiques. Outre le pastel et la plume, elle a recours à des techniques originales qu’elle invente, telle la perforation de son support avec de minuscules trous, le dessin gaufré, le collage de tissus et de matériaux variés. Encouragée et soutenue par ses fils, elle va réaliser durant plus de vingt-cinq ans plusieurs milliers d’œuvres réellement toutes différentes, incroyablement singulières et originales.