Auto, photo, expo

Le récit de l’éditeur Xavier Barral et du photographe et réalisateur Philippe Séclier, également rédacteur en chef d’AUTOhebdo, vient donc combler un vide. Il apporte surtout une vision éloquente de la richesse du sujet. Les contenus du propos couvrant la période de 1900 à nos jours, sa construction non chronologique, son parfait équilibre entre photographies légendaires, inédites ou méconnues, et la scénographie de Constance Guisset signent indéniablement l’un des grands temps forts photo de 2017. Croiser leur histoire témoigne d’une nouvelle ère synonyme d’épopées technologiques (étonnantes planches d’essais de pneus Michelin en 1937), de vitesse et d’industrialisation-désindustrialisation. Particulièrement pertinente est à ce titre la dernière partie titrée « Vestiges automobiles », qui aborde accidents de la route, pollution, déchets et retraitement de ces derniers. L’automobile et la route engage au roadtrip et à de nouveaux cadres photographiques : la campagne française vue par Pierre de Fenoÿl, le voyage au Mexique de Bernard Plossu dialoguant à merveille avec les chiens courant après la voiture de John Divola et la mythique série America by Car de Lee Friedlander. L’automobile fascine autant par ses formes (série somptueuse en noir et blanc de galbes de voitures sous la neige saisies à Chicago par Yasuhiro Ishimoto en 1948-1952), sa mécanique, sa chaîne de fabrication que par les infrastructures et les signalétiques qu’elle induit. Son inscription dans le paysage urbain (sublimes photographies de Ray K. Metzker) ou rural (étonnants portraits humoristiques de Bernhard Fuchs de voitures esseulées dans la campagne) développe d’autres séries qui s’inscrivent en mémoire.