Art ancien

Düsseldorf (Allemagne)

Pour Cranach, un serpent qui se mord la queue

Museum Kunstpalast Jusqu’au 30 juillet 2017

Par Marie Frumholtz · L'ŒIL

Le 23 mai 2017 - 285 mots

Warhol n’aurait rien inventé. Voilà ce que suggère d’entrée, par une courte vidéo, la rétrospective Lucas Cranach l’Ancien organisée à l’occasion du jubilé de la Réforme.

Pas sûr que le visiteur en ressorte convaincu. Artiste humaniste, emblématique, avec Dürer, de la Renaissance germanique, Cranach a mis son savoir-faire au service de la propagande luthérienne, comme en témoignent ses gravures disséminées un peu partout dans le parcours. Sa signature énigmatique (un serpent tenant dans sa bouche un rubis) a sans doute marqué son époque par son sens de la communication, mais de là à souffler à l’oreille de Warhol les bases du pop art, difficile de s’en convaincre. Après une première partie très classique, ce n’est qu’à la toute fin de la seconde, et de manière un peu brouillonne, que sont montrées les influences de Cranach sur la création contemporaine. Cette dernière étape achève de perdre le visiteur au sein de ce discours muséal alambiqué. Quant aux deux salles consacrées à la médiation, destinées à éclairer le travail de l’artiste protestant, elles paraissent désolidarisées de l’ensemble et auraient pu trouver leur place dans n’importe quelle autre exposition consacrée à l’art du XVIe siècle. Si le discours convainc peu, les chefs-d’œuvre, présents en nombre, valent le détour par Düsseldorf. Sur un très haut mur, Lucretia, la Judith avec la tête d’Holopherne du MET et le Portrait d’une jeune femme du Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg font face au spectateur. Trois portraits de femmes à l’attirance presque magnétique et qui semblent avoir été faits pour se retrouver. D’une sage dévotion à un érotisme aguicheur, toute la palette de ses « types » féminins se déploie. Le style maniériste de Cranach s’offre dans toute sa splendeur et charme aisément le visiteur.

 

« Cranach. Maître-Marque-Modernisme »,
Museum Kunstpalast, Ehrenhof 4-5, Düsseldorf (Allemagne), www.smkp.de

 

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : Pour Cranach, un serpent qui se mord la queue

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