Une saison Cézanne

Par Marie Frumholtz · L'ŒIL

Le 23 mai 2017 - 486 mots

Deux expositions en Suisse et une à Paris donnent à voir, cet été, les différentes facettes du peintre aixois, entre classicisme et modernité.

 

(AUTO)REPRÉSENTATION

Paris -  Ce sont sans doute ses œuvres parmi les plus abouties, et les plus surprenantes aussi. « Nous réussissons toujours nos portraits, parce que là nous ne faisons qu’un, comprenez-vous, avec le modèle », écrit Paul Cézanne. Le maître d’Aix-en-Provence a ainsi peint près de deux cents portraits au cours de sa carrière, dont vingt-six autoportraits. Organisée en partenariat avec la National Portrait Gallery de Londres et la National Gallery of Art de Washington, l’exposition du Musée d’Orsay aborde le sujet de manière chronologique afin de faire apparaître l’évolution du style de l’artiste. La confrontation de diverses versions d’un même thème, comme Madame Cézanne en robe rouge, permet de saisir le caractère expérimental de l’œuvre cézanienne. Autre marqueur de sa modernité, la fin de la stricte séparation entre portrait et scène de genre, ce dont Picasso et Matisse lui seront redevables.

RÉTROSPECTIVE

Martigny -  « Un sauvage raffiné », c’est ainsi que Pissarro qualifie Cézanne en 1895 après avoir vu sa première exposition personnelleà la Galerie Ambroise Vollard. Pour le côté raffiné, la Fondation Gianadda a choisi comme intitulé le nom du chef-d’œuvre lyrique de Malher,Le Chant de la Terre, créé en 1906, année de la disparition du peintre. L’aspect sauvage se retrouve quant à lui dans la vie de l’artiste et dans ses œuvres. Une centaine d’entre elles sont visibles, du paysage à la nature morte, en passant par le portrait ; le tout conçu comme une parabole du maître devant les forces de la nature. Après Degas, Manet, Gauguin, Berthe Morisot ou encore Monet, c’est en toute logique que le peintre aixois prend place à Martigny. Réalisés sur le motif, les natures mortes d’atelier ou les paysages de plein air sont deux genres complémentaires chez Cézanne, qui fait de son quotidien sa source d’inspiration première.La couleur dense, appliquée sans concession, et ses touches de blanc presque translucides, confèrent à son œuvre une monumentalité quasi sans égale.

ESQUISSES

bâle -  Moins souvent exposés car plus fragiles, les dessins et les esquisses ont pourtant une place primordiale dans le processus créatif de Cézanne.Le Kunstmuseum de Bâle, qui en possède cent cinquante-quatre, a décidéde les montrer au côté des peintures et des aquarelles de l’artiste, également en sa possession. Cette mise en contexte révèle un coup de crayon propreà l’artiste solitaire. Certaines œuvres, issues de ses carnets de croquis, permettent de découvrir son travail au jour le jour, ses sensations saisies sur le vif. Le peintre doit pourtant sa réputation à ses formes colorées et sans cerne, mais c’est oublier la formation qu’il a reçue à l’école de dessin d’Aix-en-Provence. Plâtres et sculptures ont été ses premiers modèles. Une fois à Paris, ce sont les statues du Louvre et du Musée du Trocadéro qu’il croque. Découvrir ses dessins est une autre façon d’entrer dans son intimité créatrice.

 

 

« Cézanne révélé. Du carnet de croquis à la toile »,
du 10 juin au 24 septembre 2017. Kunstmuseum, St. Alban-Graben 16, Bâle (Suisse). Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h, 20 h le jeudi. Fermé le lundi. Tarifs : 21 et 8 € (23 et 8 CHF). Commissaire : Dr Anita Haldemann. kunstmuseumbasel.ch
« Cézanne, Le Chant de la Terre »,
du 16 juin au 19 novembre 2017. Fondation Pierre Gianadda, rue du Forum 69, Martigny (Suisse). Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h. Tarifs : 16,50 et 9 € (18 et 10 CHF). Commissaire : Daniel Marchesseau. www.gianadda.ch
« Portraits de Cézanne »,
du 13 juin au 24 septembre 2017. Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, Paris-7e. Ouvert de 9 h 30 à 18 h, 21 h 45 le jeudi. Tarifs : 12 et 9 €. Commissaires : John Elderfield et Xavier Rey. Exposition organisée en partenariat avec la National Portrait Gallery de Londres et la National Gallery of Art de Washington. www.musee-orsay.fr

 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : Une saison Cézanne

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