L’épée du commandant Marchand

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 23 mai 2017 - 431 mots

Lors de la vente des souvenirs du général Marchand, l’État a préempté pas moins de 44 lots, dont cette élégante épée acquise au profit du Musée de l’armée.

 

16 000 €
C’est le prix au marteau obtenu pour cette épée, lot phare de la vente aux enchères des souvenirs du général Marchand (1863-1934) dispersés par l’étude De Baecque et Associés, à Lyon, le 22 février 2017.
1899
Cette épée d’honneur fut offerte au commandant Marchand par le journal La Patrie, en 1899. Elle commémore l’épisode de Fachoda, à l’origine d’une crise diplomatique franco-britannique survenue l’année précédente au Soudan (actuel Soudan du Sud).
Marchand
Attiré par l’aventure coloniale, Jean-Baptiste Marchand s’engage au 4e Rima de Toulon à l’âge de 20 ans. Son régiment le conduit en Afrique, d’abord au Sénégal en 1888, puis au Soudan, au Mali, au Congo et en Côte d’Ivoire, jusqu’à sa démission en 1904. Réintégré en 1914, il commande une brigade dont il devient général. En 1917, il est au Chemin des Dames et à Verdun. En 1918, la division Marchand, victorieuse, entre en Allemagne et s’installe sur le Rhin. À la mort du général, en 1934, un monument commémoratif de l’expédition Congo-Nil est élevé porte Dorée, à Paris.
Marquet de Vasselot
L’épée a été dessinée par Anatole Marquet de Vasselot (1840-1904). L’élément leplus spectaculaire est la poignée figurant la déesse Hathor. Elle est cantonnée de deux crocodiles affrontés qui tiennent dansleurs mâchoires un anneau dans lequel se trouvait un scarabée en jade. Quant à la garde rehaussée d’émaux cloisonnés, elle reproduit, d’un côté, le pectoral de Ramsès II et, de l’autre, les déesses protectrices du Nil Nekhbet et Oudjat aux ailes déployées.
Mission Congo-Nil
Le 22 juin 1896, Marchand prend le commandement de la « Mission Congo-Nil » afin d’implanter un poste militaire au point stratégique de Fachoda. Il s’agissait alors de contester l’hégémonie britannique sur le Nil et d’imposer, au sud de l’Égypte, un nouveau protectorat français. Une ambition stoppée le 18 septembre 1898 par la flotte anglo-égyptienne du général Kitchener qui installe un blocus au pied du fort de Fachoda, dont le nom est gravé en lettres capitales sur la garde de l’épée. La guerre évitée de justesse, Marchand et ses hommes quittent la place sur ordre du gouvernement français. L’expédition se replie sur Djibouti qu’elle atteint six mois plus tard. La Mission Congo-Nil est rapatriée à Toulon, puis à Paris, où elle défile triomphalement le 14 juillet 1899. De l’Atlantique à la mer Rouge, l’Afrique aura été traversée pour la première fois en trois ans avec très peu de pertes humaines, grâce à la préparation minutieuse de Marchand, promu au grade au commandant.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°702 du 1 juin 2017, avec le titre suivant : L’épée du commandant Marchand

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