Photographie

Paul Strand objets, villes et visages

Par Guillaume Morel · L'ŒIL

Le 1 mai 2006 - 437 mots

En soixante-quinze clichés originaux, l’exposition Paul Strand (1890-1976), proposée à Giverny, retrace les soixante ans de carrière de l’illustre photographe new-yorkais.

Issus de la collection du Getty Museum de Los Angeles, les natures mortes, vues de villes et portraits réunis ici mettent en exergue les préoccupations sociales et formalistes de cette figure majeure de la photographie moderne américaine.

Né à New York, Strand découvre la photographie dès l’âge de douze ans. En 1907, l’enseignement du photographe Lewis Hine, réputé pour ses reportages sur les conditions de travail des ouvriers américains, est une révélation.

La même année, Paul Strand visite la galerie 291 d’Alfred Stieglitz. Débute alors une longue amitié, et Stieglitz dira plus tard de Strand qu’il est « sans nul doute le photographe le plus important que ce pays ait connu depuis Coburn […]. Il a apporté une vision nouvelle de la photographie ». C’est d’ailleurs Stieglitz qui offrira à Strand sa première exposition ­monographique, en 1916.

Conçu en trois parties, l’accrochage du musée d’Art américain est thématique. Les natures mortes témoignent de l’intérêt porté par Paul Strand à la peinture moderne, en particulier celle de Cézanne, Braque ou Picasso. Par l’usage de gros plans et de cadrages audacieux, Strand privilégie la forme à l’objet ; ses œuvres d’une grande pureté frôlent parfois l’abstraction.

Lorsqu’il s’attache à photographier les lieux, notamment les bâtiments, les rues et les parcs de New York, Strand s’intéresse de la même manière aux formes et à la lumière. Les perspectives très étudiées, les formats allongés participent de l’impression de gigantisme et de mouvement de la ville moderne. Si New York lui inspire ses plus célèbres photographies, Paul Strand est également un grand voyageur. Le Mexique, la France, l’Italie, l’Écosse donneront lieu à des reportages magnifiques, où il parvient toujours à capter l’atmosphère, la singularité d’une ville ou d’un pays.
Strand quittera définitivement les États-Unis en 1950 pour vivre et travailler en France, jusqu’à sa mort en 1976.

Strand photographie les gens, où qu’il soit. Au plus près, isolant un personnage, le plus souvent de condition modeste (Apprentie tailleur, Luzzara, 1953). Comme il le fait d’une ville, Strand cherche à saisir dans ses portraits l’esprit de son modèle. « C’est une chose de photographier les gens. C’en est une autre de les rendre intéressants, en révélant au spectateur l’essence de leur humanité », disait Lewis Hine.

Comme en témoigne la dernière section de l’exposition, Paul Strand a magistralement appliqué la leçon reçue de son premier maître.

« Paul Strand : trois chemins parcourus », musée d’Art américain, 99, rue Claude-Monet, Giverny (27), tél. 02 32 51 94 65, jusqu’au 11 juin 2006.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : Paul Strand objets, villes et visages

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