Art moderne

La-Haye (Pays-Bas)

L’aventure de l’abstraction

Gemeentemuseum jusqu’au 21 mai 2017

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 17 mars 2017 - 438 mots

LA HAYE / PAYS-BAS

À l’occasion du centenaire du courant d’avant-garde De Stijl incarné par Mondrian, les Pays-Bas lancent une série d’événements qui se déploieront tout au long de l’année.

Le coup d’envoi des festivités est donné par le Musée de La Haye qui réunit pour la première fois ces deux figures majeures du mouvement, Piet Mondrian et Bart Van der Leck, à travers une mise en écho de leurs expérimentations esthétiques qui révèle, in fine, à quel point les frontières entre leurs styles étaient poreuses. Est-il besoin de le rappeler, Piet Mondrian a été l’un des principaux acteurs de l’abstraction et de l’histoire de l’art du XXe siècle. Entre 1912 et 1913, il devient l’un des peintres majeurs du cubisme, qu’il développe dans des compositions souvent inscrites dans un format ovale. En 1914, il continue de faire référence au réel, mais ses tableaux sont devenus abstraits. En 1915, il peint Composition 10 en noir et blanc sur le thème de la mer, avec une jetée faite de courts segments disposés à l’horizontale et à la verticale peints en noir sur fond blanc et regroupés dans un ovale. Fin 1916, il rencontre le peintre Bart Van der Leck. À cette date, ce dernier a peint La Tempête, représentée par de larges aplats colorés et des formes géométriques simplifiés, parfaite synthèse entre abstraction et figuration. Après La Tempête, son style change, comme le titre de ses toiles : il réalise quatre compositions, dont Composition n° 4 ou Triptyque de la mine représentant des figures de mineurs réduites à de minces bandes de couleurs primaires. Entre ces deux tableaux, il a pu connaître l’œuvre de Mondrian, Jetée et Océan, exposée début 1916. Ceci pourrait expliquer les changements soudains intervenus dans son œuvre entre La Tempête et Composition n° 1. L’année 1917 est décisive pour Mondrian : il peint des œuvres radicalement nouvelles. Il donne une autre version de son tableau de 1916, Composition en ligne, au format carré où sont répétés à l’intérieur d’un cercle des signes et – épaissis. Dans le même temps, Van der Leck a peint les deux versions de Composition 1917 n°4, qui vont très loin dans la réduction du langage pictural. Mondrian a trouvé sans doute dans les réalisations de Van der Leck une solution plus avancée à ses propres recherches, et le changement produit entre la première et la deuxième version de la Composition en ligne pourrait être le résultat de cette confrontation. À ce stade, les deux artistes semblent avoir trouvé de nouvelles solutions en observant leurs œuvres réciproques. Et cette même année voit la naissance du mouvement De Stijl, sous l’impulsion de Theo Van Doesburg, mais dont Mondrian restera pour l’histoire de l’art la figure tutélaire.

« Piet Mondrian et Bart Van der Leck. Le développement d’un art nouveau »


Gemeentemuseum, Stadhouderslaan 41, La Haye (Pays-Bas), www.gemeentemuseum.nl

Légende Photo

Bart Van der Leck, Composition 1916 n°4, 1916, huile sur toile, 113 x 222 cm, Kröller Müller Museum, Otterlo © Kröller Müller Museum, Otterlo.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°700 du 1 avril 2017, avec le titre suivant : L’aventure de l’abstraction

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