Claire Keane, un air de famille

Par Gérald Guerlais · L'ŒIL

Le 17 février 2017 - 353 mots

JEUNESSE - Chez les Keane, l’expression artistique est affaire de filiation, sans compétition mais avec émulation.

Feu Bil Keane (1922-2011) ouvrit le bal avec son célèbre comic strip Family Circus (Prix Reuben en 1983), édité dans 1 500 quotidiens américains. Son fils Glen Keane (né en 1954) est, quant à lui, le légendaire animateur des studios Disney (38 ans de carrière). Un double héritage qui ne pouvait qu’être impressionnant pour Claire Keane (née en 1979), petite-fille et fille de ces deux figures charismatiques. Si elle s’accorde une lente maturité, c'est pour mieux s’émanciper de ses prédécesseurs et puiser intelligemment dans ce terreau familial exigeant. S’y épanouir sans souffrir de la comparaison ni se voir coller une étiquette de fille-à-papa/papi. À la faveur de l’expatriation de son père, délocalisé à Paris, Claire fréquente l’American School, la Parsons School of Design, puis l’École supérieure d’arts graphiques Penninghen. De retour à Hollywood en 2003, elle se lance dans le graphisme pour le milieu du divertissement. Dès 2004, elle rejoint son père aux Walt Disney Animation Studios, département recherches graphiques. Elle est la muse du patriarche qui s’inspire de sa personnalité solaire pour nourrir ses personnages personnages. À l’instar de ce dernier, Claire s’inscrit dans le patrimoine du studio en laissant derrière elle une fresque florale, digne de Mary Blair et Charley Harper.

L’aventure dure neuf ans. Devenue à son tour maman, Claire embrasse son destin d’illustratrice en solo. La formation parisienne a été plus forte que les standards esthétiques du fameux studio d’animation. Claire révèle enfin sa voie, un maelström élégant et spontané à la Bill Watterson, une ligne aérée, vive et épanouie. On devine l’influence de Fred Moore et de Matisse dans son album coloré Once Upon a Cloud. Dans Petite fille, grande sœur qu’elle a écrit et illustré, Claire renoue avec la thématique familiale autobiographique initiée par son grand-père. Elle y traite de l’arrivée d’un nouveau-né et des bouleversements concomitants. Un jeu de relais familial bienveillant qui associe supplément d’âme et force d’un trait décomplexé. Une tonalité authentique bienvenue au cœur d’une offre en librairie pléthorique, où se disputent trop souvent les démonstrations techniques superflues.

Claire Keane, Petite fille, grande sœur, Albums Gallimard Jeunesse, 36 p., 13,90 €.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : Claire Keane, un air de famille

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