Centre d'art

Le Drawing Lab déclinaison d’un concept 4 étoiles

Par Aurélie Romanacce · L'ŒIL

Le 17 janvier 2017 - 753 mots

Le Drawing Lab est le premier centre d’art privé dédié au dessin contemporain en France. Il ouvre ses portes le 24 février à Paris au sous-sol du Drawing Hotel, établissement de luxe inspiré par le… dessin.

Alors que les galeries ont de plus en plus de difficultés à attirer les collectionneurs à l’année dans leur espace, Drawing Now, forte de son succès, parie au contraire sur la pérennité en ouvrant un centre d’art privé dédié au dessin contemporain. La raison de cette initiative ? « La frustration ! Je suis toujours très frustrée quand la foire se termine, car il y a beaucoup de choses qu’on n’a pas pu partager avec les visiteurs », s’exclame Christine Phal, présidente de Drawing Now et directrice du Drawing Lab.

Si le centre se concrétise aujourd’hui, l’envie ne date pas d’hier. « Cela fait quatre ans que j’avais envie d’accompagner autrement le dessin contemporain en créant un vrai lieu de rencontre », poursuit-elle. Un principe pourtant à l’œuvre pendant la foire à l’occasion de la création du fonds de dotation du dessin contemporain qui propose des rencontres privilégiées avec le lauréat du prix Drawing Now ou encore des visites guidées dans le parcours hors les murs. Mais il manquait un lieu pérenne où montrer du dessin expérimental à Paris tout au long de l’année. « Il y a le Drawing Center à New York, le Drawing Room à Londres, bientôt un hub autour du dessin à Berlin et le centre Diepenheim aux Pays-Bas, mais, à Paris, rien », s’étonne la présidente de Drawing Now. « C’était à nous de prendre les choses en main pour ouvrir ce centre expérimental et proposer un accès différent aux artistes et à leur création », renchérit-elle.

Un centre de dessin expérimental
Véritable centre de recherche et d’expositions, le Drawing Lab met l’accent sur la collaboration entre jeunes artistes et commissaires d’expositions pour élaborer un cycle de trois expositions annuelles. À la suite d’un appel à candidatures, le jury composé de Daria de Beauvais, curatrice du Palais de Tokyo, Agnès Callu, chargée du Cabinet des dessins du Musée des arts décoratifs, Sandra Hegedüs, fondatrice de SAM Art Projects et collectionneuse, Marc Donnadieu, conservateur en charge de l’art contemporain au LaM et Philippe Piguet, critique d’art [collaborateur de L’Œil], a sélectionné des projets conçus spécialement pour investir le lieu de 150 m2. Car, ici, pas question de présenter des œuvres sur papier, il s’agit au contraire de proposer une nouvelle approche du dessin contemporain.

Pour ouvrir ce cycle d’expositions, l’artiste Keita Mori présente une installation sur les flux migratoires autour des frontières à travers une technique singulière : l’utilisation de fils tendus pour réaliser ses fresques. Pour Éléonore Chatin, directrice de la galerie Catherine Putman et représentante de l’artiste, « Le Drawing Lab a été un véritable déclencheur pour Keita Mori. Il lui a permis de passer la vitesse supérieure », reconnaît-elle. « C’est vraiment autre chose que Drawing Now qui est une foire bien lancée, mais qui reste un salon événementiel et éphémère, poursuit-elle. Là, l’exposition dure plus longtemps, on rentre vraiment dans le travail de l’artiste grâce à l’espace qui lui est dédié et au catalogue. C’est très différent et, du coup, très complémentaire de la foire », se réjouit-elle.

Une expérience immersive
L’emplacement dans un quartier très touristique est un atout majeur du centre. Situé au 17, rue de Richelieu, à deux pas du Louvre, le Drawing Lab peut compter sur une vitrine alléchante pour attirer les collectionneurs et amateurs de dessin du monde entier, puisqu’il est situé en plein cœur d’un… hôtel ! « L’espace repéré par Christine Phal pour implanter le Drawing Lab était situé dans un futur hôtel en construction, explique Carine Tissot, directrice de Drawing Now. J’avais la chance de pouvoir reprendre le bail, donc cela avait du sens de gérer l’hôtel en direct en donnant carte blanche à des artistes dont le dessin est le médium principal », poursuit-elle.

Pour cet hôtel de quarante-huit chambres à la décoration soignée (à partir de 240 euros la nuit), Carine Tissot a fait appel à cinq artistes qui se sont approprié chacun un étage de l’hôtel. Lek & Sowat, Abdelkader Benchamma, Clément Bagot, Françoise Pétrovitch et Thomas Broomé ont ainsi conçu une œuvre in situ et immersive qui, espère-t-elle, « donnera envie aux clients d’aller plus loin pour apprécier l’installation dans son ensemble ». Jusqu’au sous-sol, par exemple, pour découvrir les expositions du Drawing Lab et, pourquoi pas, entrer en relation avec les galeries afin d’acquérir l’œuvre présentée.

« Strings, Keita Mori »

Du 24 février au 20 mai 2017. Drawing Lab Paris, 17, rue de Richelieu, Paris-1er, www.drawinglabparis.com

Légende Photo :
Keita Mori, Strings, 2017, vidéo HD en noir et blanc, 6 min, en boucle. © Keita Mori

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Le Drawing Lab déclinaison d’un concept 4 étoiles

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