Danse & Théâtre

Wayne McGregor

Ballet collaboratif

Par Céline Piettre · L'ŒIL

Le 16 janvier 2017 - 370 mots

Wayne McGregor - C’est ce que l’on appelle au cinéma une grosse production. Tree of Codes, la création 2015 du chorégraphe britannique Wayne McGregor, a tout misé sur son casting.

Non seulement la pièce s’inspire du livre-objet du prodige de la littérature new-yorkaise, Safran Foer, mais elle réunit le plasticien danois Olafur Eliasson – exposé il y a peu à Versailles – et le compositeur électro Jamie xx, dont l’album a été unanimement acclamé par la critique. Quant aux interprètes, ils forment un groupe hybride composé des danseurs attitrés de la compagnie et des étoiles de l’Opéra de Paris – dont Marie-Agnès Gillot, pour ne citer qu’elle. Wayne McGregor lui-même est une sommité dans son domaine. Primé à de nombreuses reprises, cet inconditionnel de John Travolta né en 1970 flirte avec le star system dans sa version branchée – c’est à lui que l’on doit notamment les torsions épileptiques de Thom Yorke (Radiohead) dans le clip Lotus Flower. Son Tree of Codes mêle intuitions visuelles – les danseurs, affublés d’ampoules de bal musette, créent un paysage étoilé dans l’obscurité du théâtre – et virtuosité technique. Comme à leur habitude, les corps dirigés par McGregor alternent hyperextensions et ondulation d’invertébrés – et il a pour cela ses fans comme ses détracteurs –, s’offrant des accélérations et des pas de deux. Les boucles de musique s’étirent à l’infini, colorées par la lumière et retranscrites plastiquement par de grands cercles tendus en travers de la scène. Olafur Eliasson vient ici brouiller les pistes, démultipliant les danseurs par des jeux de miroir – un procédé déjà utilisé par Marina Abramovic dans son Boléro. Avec, pour conséquences, des troubles inévitables de la perception. Mais surtout un rapport bouleversé au temps (dans sa conception linéaire). « Je veux que le spectateur reste actif », précise Eliasson. On en revient au roman Tree of Codes, que Foer a « écrit » en découpant (littéralement) son livre préféré : Street of Crocodiles de Bruno Schulz. Taillé comme une sculpture, le récit ne subsiste que par tranches, confondant passé, présent et futur. Ainsi en est-il du ballet de Wayne McGregor, sorte d’objet postmoderne et hautement sophistiqué, qui vous ralliera corps et âme à sa cause ou vous ennuiera ferme…

En savoir plus

Quoi?
« Tree of Codes » de Wayne McGregor

Où ?
Opéra Garnier, Paris-9e

Quand ?
Du 3 au 23 février 2017

Comment ?
www.operadeparis.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°698 du 1 février 2017, avec le titre suivant : Ballet collaboratif

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