Benjamin Chaud devant

Par Gérald Guerlais · L'ŒIL

Le 14 décembre 2016 - 313 mots

JEUNESSE - Pablo Picasso disait avoir mis toute sa vie à apprendre à dessiner comme un enfant. Benjamin Chaud, lui, a entamé sa conversation avec l’enfance dès sa naissance au milieu des années 1970 sans jamais la remettre en cause.

Son vocabulaire graphique s’enrichit de ce principe immuable à chaque livre. Laissant courir son trait sans jamais trahir sa spontanéité, il s’est rapidement affranchi de toutes les contraintes qui engluent nombre d’illustrateurs trop démonstratifs. Seul itinéraire sur la route tracé au crayon 4B de ce grand gaillard qui n’oublie jamais l’âge de son lecteur : servir la fantaisie et l’humour des récits qu’il illustre. Il s’y dédie sans compromis. Et toute la chaîne du livre qui bénéficie de son succès l’y encourage autant qu’elle conforte ses choix narratifs. Tandis que chez de nombreux confrères les batailles esthétiques font rage, entre figuration en gommettes et réalisme pictural froid, sa ligne danse, libre, épanouie, sans se réclamer d’aucune chapelle graphique. Sans prétention de surcroît, ce qui passera pour de l’élégance dans un univers éditorial outrageusement compétitif. Chaud, lui, s’exprime le plus naturellement du monde, prenant le parti de dessiner juste plutôt que trop bien. Il n’en résulte aucune maladresse. Au contraire, il se déploie sous notre regard enchanté un style identifiable et étonnamment peu copié. Ses caractéristiques : un tracé ferme, continu, affirmé, déterminé même, qui charbonne tantôt de grandes mises en page fourmillant de détails – voir l’album Poupoupidours – tantôt des saynètes plus épurées qui s’offrent le luxe, grâce au talent, de ne jamais desservir le sujet. La couleur en aplat laisse toujours la place à la force du dessin, se contentant d’un second rôle efficace. Chaud, lorsqu’il n’opère pas en solo, est accompagné des auteurs phares : Ramona Badescu, Davide Cali, Didier Lévy, Timothée de Fombelle. Ce qui consolide son omniprésence en librairies, avec lesquelles il n’est pas près d’être en froid.

Timothée de Fombelle et Benjamin Chaud, Georgia. Tous mes rêves chantent

Lu par Cécile de France, Gallimard, livre (44 p.) avec CD audio (60 min), 24,90 €

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : Benjamin Chaud devant

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