Dans l’espace temps de Denis Roche

L’instant vécu et ce qu’il porte en lumière, lignes graphiques, ombres portées, présence ou absence, l’impulse, que ce soit dans l’appartement du couple qu’il forme avec Françoise ou lors de leurs divers voyages en France ou à l’étranger, chambre d’hôtel, jardin, vitre, trajet à pied ou visite d’un site archéologique, formant le cadre privilégié de l’acte photographique. La rétrospective récente de Gilles Mora au Pavillon populaire à Montpellier en a fait le fil conducteur de son propos, où se percevait en filigrane le soin apporté à la légende de chaque photographie, datée et située précisément. Car le temps est un espace-temps chez Denis Roche, que consigne la pellicule photo et que révèle la planche-contact à son développement. Celle-ci est porteuse de dialogues, de résonances et de ruptures auxquels le photographe-écrivain ne pouvait être indifférent. Ceci est rendu parfaitement sensible par le parti pris de Caroline Cournède à la Maison d’art Bernard Anthonioz, dont elle assure par ailleurs la direction adjointe. Conduit par la question du mouvement, du geste, de la présence et/ou disparition devant l’objectif, le choix opéré dans les archives de Denis Roche avec la complicité de son épouse Françoise, couplé à un accrochage au plus juste, donne à comprendre et à ressentir ce que cette question engendre comme réflexions sur l’acte photographique, mais aussi sur le temps sans que ce dernier ni Denis Roche n’y trouvent, pour reprendre l’écrivain, « le calme qu’ils pensaient ».