Bruno Gaudichon, l’extension de La Piscine

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 12 décembre 2016 - 718 mots

Bruno Gaudichon est conservateur en chef de La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix. Né en 1956, il dirige La Piscine depuis sa préfiguration. Il est par ailleurs un des meilleurs spécialistes français de la sculpture moderne.

L’Œil : Pourquoi, 15 ans à peine après son ouverture, La Piscine a-t-elle déjà besoin d’une extension ?
Bruno Gaudichon : La programmation du musée actuel s’est faite au début des années 1990 sur un état des collections qui n’était déjà plus à jour quand les travaux ont commencé. Lorsque nous avons fait le projet scientifique et culturel (PSC), il s’appuyait en effet sur des collections extrêmement abîmées et lacunaires. Or, entre le début du PSC et l’ouverture du musée, nous avons retrouvé de nombreuses œuvres, et une dynamique de donations et de dépôts s’est enclenchée ; donc tout cela a énormément conforté le fonds initial. En 2001, nous savions déjà que le bâtiment ne suffirait pas, qu’il était sous-dimensionné. Par ailleurs, la fréquentation n’a strictement rien à voir avec celle prévue. Nous avions envisagé environ 60 000 visiteurs par an, or nous avons déjà dépassé les 3 millions. Tout cela est lié : le succès du musée fait que le flux de visiteurs est bien plus important et sa réputation a accentué l’arrivée de donations complémentaires qui ont généré des problématiques de saturation.

Quels aspects de la collection l’extension va-t-elle permettre de mettre en valeur ?
Il y a une nouvelle salle dédiée à l’histoire de Roubaix, organisée autour d’une pièce très importante, le Panorama de Jambon-Bailly. Cet espace est aussi une base de départ à une découverte de la ville pour le public extérieur. La Piscine est devenue un outil de communication pour Roubaix, mais rares sont les visiteurs qui visitent autre chose que le musée une fois sur place, l’idée de cette salle est de les inciter à découvrir le patrimoine urbain. Il y a par ailleurs une vraie aile consacrée au groupe
de Roubaix, un fonds qui s’est considérablement enrichi ces dernières années, notamment grâce aux donations d’artistes et au legs Michel Delporte. Une autre aile est dédiée à la sculpture XIXe-début XXe. Elle comprend une galerie au découpage thématique, une séquence autour de la question de la fabrique de la sculpture avec la restitution de l’atelier parisien d’Henri Bouchard, une deuxième séquence sur les matériaux et un espace de contextualisation sur les rapports entre histoire et création artistique, essentiellement autour de la sculpture publique. Dans cette aile neuve, il y a aussi une salle d’exposition de 250 m2 qui peut fonctionner de manière indépendante ou fusionner avec l’actuelle salle de 600 m2. Enfin, l’extension permet aussi de doubler nos ateliers de pratique artistique pour le jeune public. Il y a trois ateliers, dont un assez novateur de muséographie qui est ouvert sur le parcours des collections.

Vu l’accroissement de ses collections et son succès pérenne, le musée ne nécessitera-t-il pas une nouvelle extension dans 15 ans ?
Le musée a d’ores et déjà besoin d’une autre extension. Par exemple, nous n’avons pas traité la peinture qui a également besoin d’espace. Mais c’est l’avantage d’une ville qui n’a pas de pression foncière, elle a pu créer une sorte de réserve foncière en prévision d’un agrandissement. Dans les années à venir, il faudra réfléchir aux collections de design et de céramique contemporaine qui sont trop à l’étroit et sous-représentées dans le parcours. Il faudra trouver des solutions et c’est un élément qu’il faut anticiper dès maintenant, notamment pour concrétiser des donations. Il y a, par exemple, un projet de grande donation de céramique contemporaine. C’est une collection magnifique, une opportunité formidable, mais il est clair que si la ville l’accepte, cela l’engagera à trouver des conditions de présentation dignes d’un musée de réputation internationale.

Extension
À l’automne 2018, La Piscine disposera de 2 300 m2 supplémentaires, essentiellement dévolus aux collections et aux expositions. Depuis sa création en 1835, le musée constitue un lieu de confrontation entre arts appliqués et beaux-arts.

7,8 millions d’euros
C’est le budget global des travaux.

«  La magie du lieu et la qualité des expositions temporaires (“Picasso, peintre d’objets” a attiré à lui seul 120 000 visiteurs, “Degas sculpteur”, 80 000) ont fait de La Piscine l’équipement culturel le plus connu de la métropole lilloise. » Florence Quille, La Croix, 16/11/2011.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°697 du 1 janvier 2017, avec le titre suivant : Bruno Gaudichon, l’extension de La Piscine

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