Rome (Italie)

Villa Médicis, un anniversaire en demi-teinte

Villa Médicis jusqu’au 15 janvier 2017

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 21 novembre 2016 - 310 mots

Aussi surprenant que cela puisse paraître, en plus de trois siècles d’existence l’Académie de France à Rome n’avait jamais présenté de vision globale du travail de ses illustres résidents.

En dehors de publications érudites et de colloques, aucune exposition n’avait par exemple traité ce sujet qui suscite, pourtant, beaucoup de curiosité et de débats. À l’occasion de ses 350 ans, la vénérable institution se penche enfin sur les œuvres produites dans la Ville Éternelle par ses pensionnaires et directeurs. Un sujet passionnant mais ardu, puisqu’il faut, à la fois, éviter la tentation du florilège, trouver un équilibre chronologique pour essayer d’être un minimum représentatif, mais aussi faire émerger des fils rouges pour échapper à l’effet catalogue. Remplir pareil cahier des charges avec une petite centaine d’œuvres et des espaces peu adaptés à une muséographie transversale relève pratiquement du miracle. Et autant le dire sans détour : le miracle n’a pas lieu.

Si certains écueils sont presque consubstantiels à l’entreprise elle-même, d’autres ratés relèvent de choix scientifiques plus contestables. Le parcours commence cependant de belle manière en posant clairement les enjeux de la formation des artistes français en Italie, avec des œuvres de qualité. Mais rapidement apparaît un travers récurrent : la surreprésentation de certaines personnalités, notamment Hubert Robert et Vincent. Malgré quelques défauts, notamment le choix de pièces de formats trop disparates dans la séquence XIXe, tout cela se tient plutôt bien jusqu’au XXe siècle. En revanche, la dernière partie est une vraie déception, surtout le volet contemporain. Les quatre dernières décennies sont ainsi résumées à un film. Une sorte de collage conceptuel irritant, qui condense une succession de couvertures de livres, d’extraits vidéos ou encore d’aperçus d’œuvres. Bref, un pot-pourri pompeux qui crée un certain malaise. Face à ce défilé interminable, bien qu’il survole son sujet, on se demande pourquoi l’art contemporain serait le seul exempt de sélection ?

« 350 ans de création »

Académie de France à Rome – Villa Médicis, viale Trinità dei Monti 1, Rome (Italie), www.villamedici.it

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Villa Médicis, un anniversaire en demi-teinte

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