Paris-19e

Beethoven, une musique pour l’humanité

Philharmonie de Paris jusqu’au 29 janvier 2017

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 21 novembre 2016 - 339 mots

Sa postérité est universelle ! L’orage de la Pastorale, la Marche funèbre de la troisième symphonie, l’Hymne à la joie de la neuvième, les premières mesures de La Lettre à Élise, personne au monde qui ne puisse fredonner un de ces airs.

De salle en salle, la musique de Beethoven enveloppe littéralement le visiteur et fait constamment écho aux nombreuses œuvres présentées dans une scénographie rayonnante. L’immense génie du compositeur retentit au-delà des sons. Mais comment traduire un génie aussi unique ? Par un visage qui prend la forme d’un nuage sur la photo de Juan Gyenes, par une de ces têtes tragiques pourtant habitées de grâce sculptées par Bourdelle, par la vidéo Synapse de Terry Adkins ? Explorant comme jamais cela n’a été fait auparavant la vie de l’illustre musicien, s’appuyant sur une recherche aussi exhaustive que possible, cette exposition commissariée par Colin Lemoine [collaborateur de L’Œil] et Marie-Pauline Martin est une vaste partition écrite en modes mineur et majeur. Elle montre en effet combien et comment les extrêmes se partagent l’héritage de Beethoven, le pire comme le meilleur tels que les écrans les épinglent au début d’un parcours orchestré par l’émotion et la sensation. De l’idéalisation à la dégradation, en littérature, en peinture, en politique, au cinéma, l’homme et sa musique ont été, sont et seront l’objet de toutes les appropriations. Beethoven, le titan né à l’égal d’un dieu, le prophète dont les objets personnels deviennent des reliques jalousement gardées à Vienne, l’enfant prodige dont le père veut faire un autre Mozart, permet à Abel Gance, Klimt, André Gide, Kubrick et Max Klinger de lui rendre hommage autant qu’à Erró et Markus Lüpertz d’être irrévérencieux, à François Garas de lui dédier un utopique Temple à la pensée (huile sur toile, 1900). Beethoven, l’« infirme à l’âme de lumière », suscite tous les talents et les dépasse. Sa mort en 1827 lui vaut l’immortalité, paradoxe que les deux masques, l’un mortuaire, l’autre sur le vif, le premier présenté dans l’ombre, le second en pleine clarté, expriment avec puissance.

« Ludwig van, le mythe Beethoven »

Philharmonie de Paris, Cité de la Musique, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris-19e, www.philharmoniedeparis.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°696 du 1 décembre 2016, avec le titre suivant : Beethoven, une musique pour l’humanité

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