Marseille (13)

Coup de projecteur sur la scène albanaise

Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCEM) Jusqu’au 2 janvier 2017

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 18 octobre 2016 - 323 mots

Plus de 1200 km séparent Marseille de Tirana, la capitale de l’Albanie. De plus en plus isolée sur la scène internationale à l’époque communiste, la République populaire d’Albanie devient la République d’Albanie en 1991.

Elle ouvre alors ses frontières et rentre dans l’Otan en 2009. Sa candidature à l’adhésion à l’Union européenne est acceptée l’année suivante. Encore peu visible à l’international, la scène artistique albanaise se développe aujourd’hui sur un terreau particulièrement riche, induit par les bouleversements politiques et sociétaux de ces dernières décennies. Cette exposition rassemble les œuvres de huit jeunes plasticiens qui avaient été sélectionnés par un jury international pour le Salon d’art contemporain de Tirana en 2015, et des œuvres d’artistes albanais présents dans les collections françaises. Les références à l’histoire, aux traditions populaires, au réalisme socialiste et à l’époque actuelle appelée « période de transition » sont omniprésentes. Fani Zguro (né en 1977) recouvre d’un fin papier transparent rehaussé de peinture des photographies d’Enver Hoxha (Exterminator, 2012), métamorphosant ainsi l’autocrate en un personnage burlesque ou monstrueux. Dammi i Colori, un film d’Anri Sala (né en 1974), tourné en 2003, montre l’auteur parcourir les rues de Tirana en compagnie d’Edi Rama, artiste formé à l’École des beaux-arts de Paris, aujourd’hui Premier ministre d’Albanie. Élu maire de Tirana en 2000, celui-ci avait pris la décision de faire repeindre de couleurs vives tous les immeubles de la ville, souvent très dégradés, métamorphosant la capitale en un incroyable patchwork aux formes et aux coloris les plus invraisemblables. Les photographies de Driant Zeneli (né en 1983) montrent des bâtiments récents aux architectures intrigantes, les « nouveaux châteaux albanais » édifiés depuis 1991, comme un inventaire des goûts fantasques des « nouveaux riches ». Toutes les œuvres de l’exposition dialoguent avec une peinture réaliste socialiste de 1974 de Zef Soshi, peintre officiel d’Enver Hoxha, et des objets traditionnels albanais choisis dans les collections historiques du Mucem par une artiste albanaise, Edit Pulaj (née en 1974).

Albanie, 1207 km Est

Mucem - Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, Fort Saint-Jean, Marseille (13), www.mucem.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°695 du 1 novembre 2016, avec le titre suivant : Coup de projecteur sur la scène albanaise

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