Paris-18e

Les actes de Provoke

Le Bal Jusqu’au 11 décembre 2016

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 26 septembre 2016 - 304 mots

En seulement trois numéros, la revue japonaise Provoke a exercé une influence considérable sur la photographie japonaise et sa forme livresque.

Fondée en novembre 1968 par le critique et philosophe Koji Taki et le critique et photographe Takuma Nakahira avec la collaboration  du poète Takahiko Okada et de Yutaka Takanashi, Provoke entend bouleverser, libérer le langage photographique et les idées. Le sous-titre de la revue, « matériaux provoquant pour la pensée », l’inscrit en ligne éditoriale. Daido Moriyama se joindra au deuxième numéro en mars 1969. La démarche de ses fondateurs et contributeurs puise autant dans l’écriture libre, la performance, le théâtre expérimental de Shuji Terayama que dans le cinéma expérimental et documentaire des années 1960, disciplines indissociables de ce que traverse le pays depuis le cataclysme d’Hiroshima. Le Japon connaît alors de profondes et douloureuses métamorphoses couplées à des vagues régulières de contestations et de révoltes. Provoke ne peut être dissocié de son époque ni de ses réactions contre cette photographie japonaise d’avant-guerre empreinte de pictorialisme et de modernisme occidental. Montrée jusque-là uniquement de manière parcellaire, la revue est pour la première fois recontextualisée dans son époque, et en particulier dans le terreau visuel que furent les publications de Kazuo Kitai, de Shomei Tomatsu et les films de Takashi Hamaguchi sur la lutte contre la construction de l’aéroport international de Narita. Fruit de trois ans de collaborations et de recherches entre L’Albertina (Vienne), le Fotomuseum de Winterthur (Suisse), l’Art Institute of Chicago et le Bal, Provoke trouve à Paris, malgré des espaces plus réduits, une configuration qui permet de comprendre ce qui a contribué et fait la spécificité de cette révolution visuelle, sans toutefois aborder l’influence de William Klein, d’Ed Van der Elsken ou de la littérature française. Pour cela, il faut se reporter à l’ouvrage édité par Steidl, qui n’est malheureusement disponible qu’en anglais.

Provoke. Entre contestation et performance. La photographie au Japon 1960-1975

Le Bal, 6, impasse de la Défense, Paris-18e, www.le-bal.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°694 du 1 octobre 2016, avec le titre suivant : Les actes de Provoke

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