Le Parcours des mondes garde le cap vers l’Asie

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 18 août 2016 - 823 mots

À Paris, le rendez-vous annuel des amateurs d’arts premiers accueille pour la deuxième année consécutive, à côté des arts d’Afrique, d’Océanie
et des Amériques, les arts asiatiques.

ARTS LOINTAINS -  Créé en 2001 par quelques marchands parisiens, le Parcours des mondes est devenu au fil des ans un événement incontournable en matière d’arts premiers. Depuis l’an dernier, les organisateurs du salon ont décidé de renforcer son offre. Aussi, il accueille cette année dix-neuf marchands d’arts asiatiques, parmi lesquels figurent les galeries Jacques Barrère (Paris), Kapoor Galleries (New York) ou encore Kapil Jariwala (Londres). « Il y avait fort longtemps que je souhaitais intégrer l’art asiatique au Parcours. Il suffit d’analyser le titre de notre événement, “Parcours DES mondes”, pour comprendre qu’il manquait une partie du monde et sans doute la plus importante, l’Asie », explique Pierre Moos, aux commandes de l’événement.

Les arts asiatiques concernent une vaste partie du globe puisqu’ils rassemblent notamment la Chine, le Japon, la Corée et le Sud-Est asiatique comme le Vietnam, la Birmanie, la Thaïlande (Siam), le Cambodge, mais aussi les pays himalayens comme le Tibet ou le Népal. Concernant l’Inde, seule la sculpture bouddhique s’y rattache. À ce territoire fort étendu s’ajoutent différents domaines qui peuvent se classer ainsi : peinture, sculpture et objets d’art, notamment les laques, bronzes, porcelaines… De même, chaque pays peut disposer de domaines spécifiques, comme les netsukes pour le Japon, par exemple. « Même si le marché s’est un peu ralenti, il se porte plutôt bien grâce aux Chinois qui en sont actuellement les acteurs principaux, pour ne pas dire les seuls », note Frantz Fray, marchand à Paris. « Les Occidentaux achètent plutôt pour la décoration, alors que le marché sino-chinois est constitué majoritairement de gens qui considèrent les objets avant tout comme des placements, ce qui a totalement faussé le marché. »

Bien sûr, toutes les pièces ne se valent pas. Les objets dits « impériaux », qui portent des marques de règne, particulièrement les porcelaines, laques, cloisonnés, mais aussi les bronzes dorés ainsi que les jades ont la faveur des collectionneurs. « Dans le temps, tout se vendait et il y en avait pour toutes les bourses. Maintenant, le marché est beaucoup plus difficile. Ce sont surtout les objets importants qui se vendent et à des prix exorbitants », conclut le marchand.

Parcours des mondes

« Fat Lady » En 745, Yang, une jeune fille aux formes généreuses, intègre le gynécée de l’empereur Hiuan-tsong en qualité de Kouei-fei (« précieuse épouse ») et devient la 2e dame après l’impératrice. À sa mort en 755, on voit fleurir dans les tombes des représentations en terre cuite de fat ladies, nouveau canon esthétique féminin. « On trouve de petites statuettes de belle qualité autour de 10 000 euros. En moyenne, les prix s’échelonnent entre 25 000 et 30 000 euros et jusqu’à 500 000 euros », explique Éric Pouillot.

Miniature japonaise Le netsuke permettait de maintenir l’inrô (boîte) à la ceinture, les kimonos ne comportant pas de poches. « Le marché des netsukes est très étroit mais international. Curieusement, les Japonais n’en sont pas les plus grands collectionneurs. J’ai des clients en Australie ou à Singapour. J’ai vendu des netsukes à 250 euros, et jusqu’à 150 000 euros, mais la moyenne est autour de 5 000 euros », commente Max Rutherston.

Bronzes bouddhiques indiens Aujourd’hui, le marché chinois est le principal acheteur de bronzes bouddhiques indiens (du Cachemire, VIe-XIIe siècles et du Nord-Est de l’Inde, dynastie des Pala-Sena, VIIIe-XIIe siècles). Les collectionneurs chinois connaissent bien l’art tibétain qu’ils considèrent comme leur propre patrimoine. D’abord intéressés par les objets bouddhiques purement chinois, ils vont désormais vers des objets haute époque de grande qualité sortant de leur aire culturelle.

Impérial ! Il s’agit d’un record du monde pour une œuvre d’art asiatique, achetée par le collectionneur chinois Liu Yiqian pour son Long Museum (Shanghai). Prisé sur le marché de l’art asiatique, le thangka est une peinture sur toile caractéristique de la culture bouddhique tibétaine servant de support de méditation.

Questions à Antoine Barrère, marchand à Paris

Comment se porte le marché de l’art asiatique ?
Le marché de l’art asiatique est pluriel. Sa part la plus importante et active est représentée par la Chine, soit plus de 90 % des transactions. Le marché de l’art chinois, en forte augmentation ces dernières années, est entré dans une phase de stabilisation, tout comme l’économie chinoise. La période actuelle se caractérise par un volume de transactions toujours très important, avec des prix élevés, mais l’importance de l’offre a rendu les acheteurs beaucoup plus sélectifs. Les autres domaines de l’art asiatique sont globalement stables.

Qui collectionne les arts asiatiques ?
Tous les marchés de l’art caractérisés par des prix élevés engendrent leurs lots de faussaires. Une rigoureuse sélection des marchands est faite pour réduire au minimum ce genre de risques. Mais les collectionneurs doivent aussi savoir s’adresser à des galeries de bonne réputation et exiger toutes les garanties en termes de facture et d’expertise.

Quels sont les prix pratiqués sur la foire ?
C’est la même chose que le reste de l’année. Les œuvres vont de 1 000 euros à plusieurs millions. La fourchette moyenne étant autour de 50 000 euros.

Parcours des mondes

du 6 au 11 septembre 2016. quartier Saint-Germain-des-Prés, Paris 6e, www.parcours-des-mondes.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Le Parcours des mondes garde le cap vers l’Asie

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