Guy de Malherbe peintre, infiniment

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 11 août 2016 - 527 mots

L’artiste prépare une série d’expositions en France et en Chine.

Né en 1958 à Boulogne-Billancourt, Guy de Malherbe, qui peint depuis une quarantaine d’années et qui vient de voir son œuvre consacrée par une belle monographie aux éditions de Corlevour, s’apprête à connaître pour la saison 2016-2017 une série d’expositions, en France et à l’étranger, mettant à l’honneur sa quête en peinture. Diverses présentations, à Bruxelles, au Mans, à Trouville et à Évreux, mais aussi dans plusieurs musées chinois, vont permettre à un public varié de découvrir sa démarche.

Pour sa galeriste et épouse Marie-Hélène de La Forest Divonne, « c’est un juste retour des choses. C’est au moment où sa peinture arrive à maturité que Guy voit arriver ces manifestations. Certes, cette impression d’épanouissement est relative car il s’agit d’une peinture en constante recherche. Pour autant, après s’être confrontée à quelques thèmes majeurs (les dormeuses, le rivage, le minéral, la figure dans le paysage et la brèche), cette peinture s’affirme en devenant plus que jamais, par l’entremêlement des strates picturales et de la matière du monde, une interrogation du médium même. »

Un tellurisme pictural
Peintre géologue pouvant se faire archéologue – il ne cesse de collecter dans son atelier du Marais des éléments naturels ou objets de « récup », tels que fleurs fanées, cailloux et bois flotté –, Guy de Malherbe, après avoir longtemps peint le corps humain, revient depuis une douzaine d’années à l’univers minéral. Nourri par ses souvenirs de jeune homme ayant expérimenté dès dix-huit ans la peinture à Cadaqués – comme Dalí, les roches anthropomorphes de ce village d’Espagne ont alimenté son imaginaire –, le plasticien « paysagiste » peint sur le motif, ses territoires d’élection étant les plages normandes : Varengeville près de Dieppe, les Vaches Noires à Houlgate et les falaises d’Étretat. « Revisiter la méthode des peintres de paysage, note l’artiste, c’est aussi en découvrir l’aspect conceptuel. Recadrer pour tenter cette traduction d’un monde en trois dimensions vers un objet en deux dimensions. » Réalisée en deux temps, sa peinture est mouvement : l’artiste se rend tout d’abord in situ pour élaborer de petits paysages peints, toujours carrés, puis il retourne dans son atelier pour partir de ces « matrices » afin de construire de grandes plages picturales traversées par un rideau d’horizontales noires.

Se jouant des clivages classiques entre figuration et abstraction, figure et paysage, fond et forme, l’art masqué de Guy de Malherbe, avançant strate par strate, est non seulement un regard porté sur l’épaisseur du monde et une réflexion sur les moyens propres à la peinture mais également une célébration de la sensualité du vivant. Au premier abord, avec son charpentage solide, cette peinture paraît assez austère mais il ne faut pas passer à côté de toute la dimension érotique qui sous-tend une œuvre ouverte au glissement de formes et aux courbes féminines. Comme le précise Anna Klossowski, directrice artistique de sa récente monographie, « Guy est un peintre réflexif qui se pose mille questions, mais c’est aussi un terrien plein d’humour, appréciant comme personne être à table avec des amis pour partager un bon vin. Et, assurément, cet amour de la vie et de ses plaisirs transparaît dans sa peinture organique et généreuse. »  

À voir

« Guy de Malherbe » du 7 septembre au 15 octobre 2016. Galerie La Forest Divonne - Bruxelles, 66, rue de l’Hôtel des monnaies, 1060 Bruxelles (Belgique). www.galerielaforestdivonne.fr

« Guy de Malherbe : Peintures », du 16 septembre 2016 au 15 janvier 2017, catalogue de Claude Frontisi. Collégiale Saint-Pierre-la-Cour, rue des fossés Saint-Pierre, Le Mans (72). www.lemans-tourisme.com

« Rivages normands », du 8 octobre au 20 novembre 2016. Villa Montebello - Musée de Trouville, 64, rue du Général Leclerc, Trouville (14). www.museevillamontebello.com 

« Guy de Malherbe : Peintures », de fin février 2017 à fin mai 2017. Musée d’art, histoire et archéologie, 6, rue Charles Corbeau, Évreux (27). www.evreux.fr

« Guy de Malherbe, 2010-2017 », été 2017. Exposition itinérante en Chine dans plusieurs musées. Commissaire : Zhenchen Jin.

Monographie, Éditions de Corlevour/Galerie La Forest Divonne, textes de Pierre Wat, Olivier Delavallade, Antoine de Meaux, Patrick Cloux, préface de Franck Maubert, 160 p., 39 €

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : Guy de Malherbe peintre, infiniment

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