Festival

Eva Albarran

La Nuit blanche, un challenge de bout en bout

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 10 août 2016 - 676 mots

PARIS

ENTRETIEN - Née en 1974, Eva Albarran a créé l’agence Eva Albarran & Co en 2004. Outre la Nuit blanche 2016, elle a travaillé dernièrement avec Christian Boltanski à son exposition à l’Instituto Valenciano de Arte Moderno de Valence (Espagne) et avec Felice Varini pour son intervention au MAMO (Marseille) sur le toit de la Cité radieuse (jusqu’au 2 octobre).

L’Œil - Votre agence Eva Albarran & Co est spécialisée dans la mise en œuvre de projets d’art contemporain. Pour la septième fois, la Mairie de Paris vous a sollicitée pour réaliser la production de la 15e édition de la Nuit blanche programmée dans la nuit du 1er au 2 octobre.  Que recouvrent vos missions ?
EVA ALBARRAN - En tant que producteur délégué de la Ville de Paris, nous assurons la production de l’ensemble de la programmation imaginée par le directeur artistique. Ce qui recouvre la production technique, la régie, l’installation et le démontage des œuvres, les demandes d’autorisation (d’occupation des lieux par exemple), etc. Nous assurons également la médiation, menons en collaboration avec la Ville de Paris une recherche de mécénat et coordonnons en matière de communication les projets associés qui, eux, sont autonomes financièrement et techniquement.

Alain Séchas investit la gare de Lyon, Stéphane Thidet la place de l’Hôtel-de-Ville, Oliver Beer le pont des Arts, Alain Fleischer le pont de Bir-Hakeim et Anish Kapoor la Seine au niveau de la bouée de la pointe de l’île Saint-Louis. Cette édition est-elle plus compliquée à produire que les précédentes ?
Chaque Nuit blanche est différente car chacune est imaginée par un directeur artistique différent et, chaque fois, les œuvres à produire représentent un challenge. Cette édition conçue par Jean de Loisy [président du Palais de Tokyo, ndlr] est différente dans le sens où, pour la première fois, il y a un récit, celui de la quête amoureuse de Poliphile dont on suit la carte des émotions, mais aussi un découpage en chapitres du parcours depuis la gare de Lyon, point de départ du voyage de notre héros le long de la Seine. Chaque œuvre est porteuse d’un état. Comme celle d’Alain Séchas à l’intérieur de la gare, visible à partir du 24 septembre, ou la performance d’Abraham Poincheval consistant à vivre nuit et jour jusqu’au soir du 1er octobre perché sur un mât de 18 m de haut installé sur le parvis de la gare.

Cette édition vous confronte-t-elle à des expérimentations inédites ?
Absolument. Chaque année, on recommence à zéro. Le projet sonore d’Oliver Beer au pont des Arts demande de capter le son sous l’eau et d’éclairer par-dessous la Seine.
En termes d’autorisations d’installation, l’œuvre d’Anish Kapoor dans la Seine, à la pointe
du square du Vert-Galant sur l’île de la Cité, engage à d’autres prouesses et organisations techniques. Produire une œuvre pour la Nuit blanche suppose d’anticiper toutes les conditions nécessaires à son installation dans l’espace public (autorisations, assurances, sécurité…) mais aussi de prendre en compte son échelle. Nous pouvons donner notre avis sur le sous ou surdimensionnement d’un projet.

Certaines œuvres sont-elles conçues pour être ensuite présentées ailleurs ?
Parfois. Pour l’édition 2013, par exemple, Virginie Yassef avait imaginé un faux arbre déraciné
pour barrer la rue des Cascades. La pièce coproduite par cette Nuit blanche avec la Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois a été réexposée en 2015 au Jardin des plantes dans le cadre de la Fiac hors les murs. Cas également cette année-là de Ceinture de Huang Yong Ping coproduite avec la Galerie Kamel Mennour.

Qu’est-ce que vous craignez le plus ?
Les intempéries.

Le 1er octobre

La Nuit blanche est organisée invariablement le premier samedi du mois d’octobre. L’édition 2016 se déroule donc dans la nuit du 1er au 2 octobre 2016.

1,2 million d’euros

Budget de la Nuit blanche auquel s’ajoutent en général 800 000 euros de mécénat. Les trois quarts sont absorbés par la production des œuvres.

Poliphile

Le héros de la Nuit blanche est tiré du roman illustré Hypnerotomachia Poliphili, édité à Venise en 1499 et contant le songe initiatique à travers l’île de Vénus de Poliphile amoureux de Polia.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°693 du 1 septembre 2016, avec le titre suivant : La Nuit blanche, un challenge de bout en bout

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque