Art contemporain

Venise (Italie)

Polke, le lion (d’or) retrouve Venise

Palazzo Grassi Jusqu’au 6 novembre 2016

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 27 juin 2016 - 350 mots

VENISE / ITALIE

Il y a des rendez-vous qui ne se manquent pas. Celui de Sigmar Polke avec Venise, trente ans après que l’artiste, décédé en 2010 à Cologne, a remporté le Lion d’or de la Biennale en 1986, en est un.

Les retrouvailles se déroulent à la Collection François-Pinault ; ce n’est un secret pour personne, l’homme d’affaires français collectionne l’artiste allemand, qu’il a plusieurs fois présenté dans sa fondation au sein d’accrochages collectifs. Mais, cette fois, c’est une exposition entière qu’il lui consacre, une rétrospective même, qui commence, puisque l’accrochage prend la chronologie à rebours, avec Axial Age, dernier ensemble monumental réalisé entre 2005 et 2010, et se solde par Engel, en 1962. Commissaire associé, Guy Tosatto reconnaît que l’entreprise n’était pas des plus aisées, d’abord pour obtenir des prêts moins d’un an après la dernière étape de la rétrospective « Alibis », qui a emmené le peintre de New York à Cologne, ensuite pour faire parvenir jusqu’aux étages d’un palais vénitien les très grands – et très fragiles – formats de Polke. Mais à Guy Tosatto, qui fut un ami de l’artiste et chef d’orchestre de l’exposition « Sigmar Polke » à Grenoble en 2013, nul n’est impossible ; celui-ci parvient même à proposer un accrochage cohérent. Si la dimension politique de Polke, qui était au cœur d’« Alibis », est écartée – sont absentes ici, à l’exception de Policier avec un cochon (1986) placé dans le grand escalier, les références au passé nazi de l’Allemagne et à la critique de la petite bourgeoisie allemande –, la rétrospective déroule le fil de l’expérimentation, très présente dans l’œuvre de Polke. L’artiste a en effet autant expérimenté les matériaux et les supports originaux que les techniques et les effets visuels, y compris les effets de la drogue dans les années 1970. « L’œuvre de Polke est une aventure permanente », explique Tosatto, qui voit réunis en lui « le sage, inspiré de philosophie, et l’enfant qui aime faire des pieds de nez »… à la peinture, notamment. De là à voir en Polke un Hermès Trismégiste, cette demi-divinité à qui l’Antiquité attribuait l’invention de l’alchimie, il n’y a qu’un pas, que l’exposition invite à franchir.

Sigmar Polke

Palazzo Grassi, Collection Pinault, Venise (Italie), www.palazzograssi.it

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°692 du 1 juillet 2016, avec le titre suivant : Polke, le lion (d’or) retrouve Venise

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