Les meilleurs des mondes

Sous le nom de « System Failure », « défaillance du système » en français, l’exposition au centre de création numérique d’Issy-les-Moulineaux instille un doute : de quel système est-il question ? De l’écosystème, que notre activité conduit selon certains vers un dérèglement irréversible ? Ou bien du système politique, dont l’histoire nous rappelle qu’il peut basculer à tout moment ? Un peu des deux, semblent répondre les treize artistes invités. Leurs œuvres imaginent à quoi pourraient ressembler ces futurs « défaillants ». Tantôt poétiques ou carrément terrifiantes, leurs réflexions portent souvent sur la place de l’homme dans ces contre-utopies, caractérisée par son absence ou son aliénation. Sous l’occupation militaire d’une Havane cernée de plateformes pétrolières chez Édouard Salier, comme des petites poupées marchant au pas dans The People Who Never Stop. À l’exception des photomontages de François Ronsiaux, toutes les œuvres sont vidéographiques. Le parcours choisit pourtant d’aligner les écrans comme des tableaux, exigeant du visiteur qu’il reste debout en portant un casque pendant les 90 minutes que totalisent la durée des films. Un choix scénographique qui pourra inciter certains visiteurs à écourter une visite malgré de belles découvertes, comme le film d’animation aux teintes sableuses Peripheria. David Coquard-Dassault y imagine un grand ensemble de banlieue laissé à l’abandon où seule demeure une meute de chiens errants, au rythme desquels l’on explore ces unités d’habitation d’architecture brutaliste devenues des vaisseaux fantômes.