Bâle (Suisse)

La touche du musée tinguely

Musée Tinguely jusqu’au 16 mai 2016

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 20 avril 2016 - 318 mots

En 2015, le Musée Tinguely présentait l’exposition « Belle Haleine-L’odeur de l’art » consacrée à la perception olfactive de l’art par la présentation d’œuvres contemporaines jouant sur ce sens peu usité dans une exposition, troublant souvent les visiteurs.

« Prière de toucher » poursuit cette exploration des cinq sens par le toucher. L’entreprise est différente, le commissaire d’exposition a changé et l’angle du sujet aussi. Ici, rien ne peut être touché. Le parcours propose un regard historique sur cette perception et comment elle fut et est toujours manipulée par les artistes. Le plasticien Jérôme Zonder a entièrement recouvert une salle d’empreintes de doigts couverts de poudre graphique. Il crée par la main touchant le mur. Car l’art commence toujours par le toucher, celui de la main, le corps de l’artiste sur le support. Au point que l’exposition semble être concentrée sur l’usage du corps en art. Toute une partie est ainsi dédiée aux expérimentations des années 1970 lors de performances : déformer et sculpter le corps comme Ana Mendieta plaquant un verre sur son visage, toucher le corps comme dans la série de polaroids de Ulay, Retouching Bruises, ou l’allonger et le modifier par des prothèses de l’artiste autrichien Frank West. Dans un engagement radicalement politique, Regina José Galindo trace au cutter dans sa cuisse le mot Perra (que l’on peut traduire par « chienne ») pour dénoncer les meurtres de femmes au Guatemala. Au-delà du corps, le concept est élargi aux religions dans lesquelles le toucher peut soit être interdit, dans la Torah par exemple, soit obligatoire, comme le mezouzah juif accroché à l’entrée d’une maison. Il est aussi élargi à la sensation de chaud que l’on ressent au contact de l’œuvre de Jan Van Munster, Warmte, un filament qui chauffe. Trop élargi et donc dense, le propos s’étire et se perd, faisant perdre de la force à cette deuxième exposition sur les sensations physiques dans l’art.

« Prière de toucher »

Musée Tinguely, Paul-Sacher Anlage 2, Bâle (Suisse), www.tinguely.ch

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : La touche du musée tinguely

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