Paris 3e

Lore Krüger, cette inconnue

Musée d’art et d’histoire du judaïsme jusqu’au 17 juillet 2016

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 19 avril 2016 - 289 mots

De Lore Krüger (1914-2009), on ne connaissait en Allemagne que ses traductions des ouvrages de Mark Twain, Daniel Defoe ou Joseph Conrad.

De son côté, la série de portraits que Florence Henri avait réalisée d’elle à Paris en 1935, n’avait pas suffi à percer l’identité de cette belle jeune fille absorbée dans ses pensées. La découverte en 2008 de son travail de photographe s’est faite à la faveur de la rencontre avec une une jeune philologue, Irja Krätke, dans le cadre d’une recherche que celle-ci effectuait sur Kurt Julius Goldstein, ancien des Brigades internationales installé à Berlin-Est. Lore Krüger, juive et communiste comme lui, l’avait bien connu. Au cours de la rencontre entre Irja Krätke et Lore Krüger, la découverte des tirages que la vieille dame extirpera de sous son canapé conduira la philologue à faire appel au jugement d’une amie, Cornelia Bästlein. Avec le C/0 Berlin Foundation, les deux amies sont à l’origine de cette exposition. Quand on découvre la centaine de photographies réalisées entre 1934 et 1944, de Majorque à New York en passant par Paris, on ressent ce qu’elles ont dû éprouver devant la grande qualité de chaque image. Portraits, photogrammes, photographies de pêcheurs à Palma de Majorque, de Gitans aux Saintes-Maries-de-la-Mer ou du quartier de Yorkville à New York témoignent d’un regard talentueux formé à la démarche de l’avant-garde photographique de l’entre-deux-guerres, notamment par Florence Henri. Au travers de ce que Lore Krüger a pu sauver de son travail, se racontent aussi sobrement, en creux, l’enfance à Magdebourg, l’exil à Londres puis à Majorque, la guerre d’Espagne, l’installation à Paris et, en 1941, à New York. Un an après son retour en Allemagne, à Berlin-Est, elle renoncera à la photographie pour des raisons de santé.

« Lore Krüger, une photographe en exil, 1934-1944 »

Musée d’art et d’histoire du judaïsme, hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, Paris-3e, www.mahj.org

Légende photo
Lore Krüger, Gitans, Saintes-Marie-de-la-Mer, 1936 © Succession Lore Krüger

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°690 du 1 mai 2016, avec le titre suivant : Lore Krüger, cette inconnue

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