Angoulême (16)

Lucky Luke campe à Angoulême

Musée de la bande dessinée jusqu’au 18 septembre 2016

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 23 mars 2016 - 333 mots

Pour fêter les 70 ans de Lucky Luke, le cowboy le plus célèbre de la bande dessinée, le Musée de la bande dessinée d’Angoulême offre aux amoureux du 9e art une formidable rétrospective consacrée à son génial créateur Maurice de Bevere (1923-2001), dit Morris.

Contrairement à d’autres pionniers de la bande dessinée comme Hergé et Franquin, il n’existait jusqu’à présent pas grand-chose, voire rien !, tant en ce qui concerne des événements d’importance que des ouvrages de référence, sur ce bédéiste des plus mystérieux ; c’est désormais chose faite grâce à cette remarquable manifestation qui, tout en dévoilant sur 400 m2 plus de cent cinquante planches et dessins originaux, s’accompagne d’un catalogue pointu sur l’art de Morris : la star Lucky Luke, avec ses trois cents millions d’albums vendus à travers le monde, est au rendez-vous bien sûr, mais aussi des travaux plus méconnus de l’auteur, comme des dessins d’humour, proches d’un Sempé, parus dans Le Moustique. De son vivant, ce dessinateur solitaire et paranoïaque gardait jalousement ses planches et refusait qu’on les accroche aux murs, c’est donc à titre exceptionnel que ses ayants droit, veuve et nièces, ont accepté de prêter aux deux commissaires fort inspirés de l’exposition, Jean-Pierre Mercier et Stéphane Beaujean, des originaux rarissimes ainsi qu’une série étonnante de jouets articulés que le dessinateur aimait fabriquer à ses heures perdues pour se détendre. Construit en différentes séquences (le pastiche du cinéma américain, la galerie de personnages de la série Lucky Luke, les thèmes du double et de la symétrie…), le parcours rend hommage à la fois à la grande fluidité narrative de Morris, secondé par René Goscinny, scénariste de la saga culte de « l’homme qui tire plus vite que son ombre » de 1955 à 1977, et à son génie graphique multipliant les audaces formelles : aplats contrastés, cadrages aériens et autres jeux de miroirs vertigineux. Au final, on sort de là avec l’envie pressante de relire un bon vieux Lucky Luke pour en savourer toutes les pépites !

« L’Art de Morris »

Musée de la bande dessinée, Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, 121, rue de Bordeaux, Angoulême (16), www.citebd.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°689 du 1 avril 2016, avec le titre suivant : Lucky Luke campe à Angoulême

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