Simon Evans - Portrait

« Aucun, convient-il très volontiers. Mais comme je n’ai pas fait d’école d’art, c’est souvent ce qui est mentionné dans mes biographies. » C’est en effet ce que l’on peut lire sur le site de la galerie new-yorkaise James Cohan, qui représente son travail. Ou plutôt : leur travail, car Simon Evans, artiste anglais autodidacte âgé de 43 ans, a rencontré Sarah Lannan il y a dix ans, dans une fête, à San Francisco, et, depuis, c’est ensemble qu’ils œuvrent sous ce patronyme. Leur duo a été récompensé par le prix Canson 2014, à une large  unanimité, précise le critique d’art Laurent Boudier, conseiller artistique du Fonds Canson. Sur la photo de l’époque, Sarah Lannan est mince et blonde ; lors de leur venue à Paris, elle a les cheveux teints en bleu. Casquette vissée sur le crâne, large sourire où manquent quelques dents – un accident de skate ? –, c’est Simon qui surmonte sa timidité pour parler. Enfant, il rêvait d’être écrivain. Il s’y est essayé, l’écriture était une souffrance. Mais les mots sont toujours présents dans les collages, scans, agglomération de matières à même le papier, exposés – pour la première fois en France – au Palais de Tokyo. Les petits formats des débuts ont laissé la place à de grandes compositions abstraites, poèmes visuels qui révèlent dans leur patiente minutie un univers intime. Les visiteurs les découvrent en laissant leurs empreintes sur la moquette d’un blanc immaculé choisie par le duo qui assume ainsi son côté plus white trash que white cube.