Musée Guimet Armure de samouraï

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 19 février 2016 - 404 mots

Classée œuvre d’intérêt patrimonial majeur, l’armure de samouraï qui vient d’entrer au Musée Guimet est sans égal, même au Japon. Elle constitue un enrichissement sans précédent pour les collections nationales.

Matsudaira
L’armure porte les armoiries du clan Matsudaira qui régna sur la province d’Izumo à l’ouest de l’actuel Kyoto. Cette famille, issue de la noblesse militaire, compta de nombreux daimiyô, c’est-à-dire des gouverneurs rompus à l’art de la guerre. C’est pour l’un d’eux que fut commandée la somptueuse armure qui fait aujourd’hui son entrée à Guimet. Sa cuirasse est de type yokohagi dô. Elle est remarquable par le luxe et la diversité des matériaux qui la composent. L’emploi conjugué de galuchat (peau de requin), en provenance d’Asie du Sud-Est, et de cuir du Portugal, qui témoigne d’une influence extérieure tout à fait exceptionnelle pour l’époque, est très inhabituel. Quant aux manches, à la jupe d’arme et aux jambières, elles sont en cotte de mailles laquée et décorée de plaques de fer damasquinées. Ces dernières sont ornées de motifs bouddhiques et de dragons attestant d’une profusion décorative qui, en temps de paix, détournait les armures de leur strict usage militaire.

Gésile Didot
Avec l’ouverture du Japon sous l’ère Meiji (1868-1912), arrivent en Europe quantité d’antiquités japonaises qui alimenteront la passion pour tout ce qui vient du pays du Soleil-Levant. Cette armure appartient à ce moment d’histoire du goût européen que l’on nomme le japonisme. Elle fut surtout l’un des fleurons de la collection Gélise Didot (Paris), considérée comme la plus prestigieuse du deuxième quart du XXe siècle.

Casque
Le casque en fer est attribué à Yoshimichi, l’un
des plus grands armuriers du XVIe siècle. Le seul élément hétérogène de ce chef-d’œuvre de ferronnerie est l’ornement frontal en forme de libellule. Il s’adresse à l’ennemi, l’insecte étant réputé ne jamais reculer face à son prédateur.

Époque d’Edo
À l’exception du casque, plus ancien, l’armure date des XVIIe et XVIIIe siècles, âge d’or des armures japonaises et de l’époque d’Edo alors dominée par les shoguns Tokugawa qui dirigèrent le Japon de 1603 à 1867.

46 235 €
Le financement participatif a récolté 46 235 € grâce à la générosité de 429 donateurs depuis la plateforme MyMajorCompany.com.
Un succès citoyen complété par le Fonds du Patrimoine qui a permis d’atteindre le prix d’achat important – selon nos sources, plus de 500 000 € –, mais justifié, pour emporter cette armure unique dévoilée lors de l’édition 2014 de la Biennale des antiquaires par la galerie Jean-Christophe Charbonnier (Paris).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : Musée Guimet Armure de samouraï

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