Vienne (Autriche)

Olafur Eliasson, prince baroque

Palais d’hiver et Belvédère jusqu’au 6 mars 2016

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 29 janvier 2016 - 358 mots

Grand capitaine d’armes, Eugène de Savoie (1663-1736) fut aussi un fameux mécène, amateur d’art éclairé et passionné d’architecture baroque dont il participa au développement, notamment à Vienne où il s’installa au service des empereurs de la famille Habsbourg.

C’est dans son Palais d’hiver, somptueuse demeure au centre de Vienne, qui fit à la fois fonction de palais de réception et de résidence privée, que le prince laissa s’exprimer librement son goût. Palais désormais rattaché au Musée du Belvédère (qui fut lui aussi une résidence princière) et dont le visiteur peut arpenter depuis 2013 les pièces d’apparat lors d’expositions d’art contemporain pour une visite à rebrousse-temps… Le prince Eugène n’aurait pas boudé son plaisir d’y voir aujourd’hui installées les œuvres d’Olafur Eliasson, artiste écologiste – si le genre existe –, et actuel locataire des lieux grâce à Francesca de Habsbourg, elle aussi généreuse mécène et bonne fée du Thyssen-Bornemisza Art Contemporary (TBA21) voisin.

On dit le prince féru de sciences, de minéralogie, d’astrologie… bref, de tout ce que l’artiste danois aime et expérimente. Et son exposition « Baroque baroque » en fait une nouvelle fois la démonstration, dans laquelle tout n’est qu’illusion, à commencer par l’ombre colorée des visiteurs dont le spectre est décomposé par sa projection sur les murs de la première salle d’exposition. Le visiteur était pourtant prévenu qui, dès le grand escalier qui le mène à l’étage, se retrouvait plongé dans un grand bain de lumière orangée à la vertu quasi chromothérapeutique (Yellow Corridor, 1997). Ailleurs, c’est un grand miroir qui traverse l’enfilade des salons doublant, dans un effet d’optique, les fabuleuses peintures de Parrocel aux murs de la salle des scènes de batailles (Wishes Versus Wonders, 2015). Eliasson joue avec nos sens et notre perception, ce qui le rend opportunément « baroque ». Parfois, cela fonctionne, d’autres moins, comme la longue vue kaléidoscopique un peu perdue dans sa salle. Mais il ressort de l’ensemble une dimension ludique qui fait du visiteur un complice, comme dans cette dernière salle qui voit un gigantesque mobile composé de ventilateurs (que n’aurait pas renié Calder) danser le long de son axe. Danser comme les yeux émerveillés de ceux qui se prennent au jeu…

« Olafur Eliasson, Baroque baroque »

Palais d’hiver du prince Eugène de Savoie et Musée du Belvédère, Himmelpfortgasse 8, Vienne (Autriche),www.belvedere.at

Légende Photo :
Olafur Eliasson, Yellow corridor, 1997, lumières monofréquence, collection Vergez, Buenos Aires, vue de l’installation au Palais d’hiver du Prince de Savoie, Vienne. © Photo : Anders Sune Berg.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°687 du 1 février 2016, avec le titre suivant : Olafur Eliasson, prince baroque

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