Les Lucs-sur-Boulogne (85)

Leur arme, c’était leur art

Historial de la Vendée jusqu’au 13 mars 2016

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 18 janvier 2016 - 323 mots

Au plus près du front dans la boue des tranchées ou en captivité dans l’effroi des camps ou encore à l’arrière pour une question d’âge ou de santé, tous, ici et là, ils ont résisté et témoigné.

Avec une arme qui parle plus que la poudre et la violence, le talent. Peindre pour survivre, le premier et le dernier acte créateur devant la mort embusquée. Choisies au terme de longues recherches, les œuvres de dix-neuf artistes vendéens éclairent sous plusieurs angles ce que fut à leurs yeux la tourmente des deux guerres mondiales. Partant de photos, de rapides esquisses, sur de mauvais papiers, n’ayant sous la main que quelques crayons, encore moins de tubes, Pierre Bertrand décrit l’assaut, Jean Launois signe le portrait d’un poilu, Henry Simon fige les regards hagards des prisonniers du stalag. Dans un baraquement, Claude Delaunay peint des costumes de théâtre. Alors que Gaston Dolbeau s’intéresse aux ruines, Auguste Goichon salue les tirailleurs sénégalais. Face à l’ennemi, la dérision est aussi une riposte courageuse, comme le prouvent Maurice de La Pintière caricaturant un Hitler fou le pinceau à la main et Benjamin Rabier faisant tirer des obus par l’inénarrable Flambeau, le drôle de petit chien ! Des lettres décorées de dessins pris sur le motif, des cartes postales illustrées, des livrets militaires ornés de croquis rappellent que ces hommes inconnus ont défendu à leur manière la « terre mutilée » et participé au devoir de mémoire. Comme l’ont fait aussi les frères Martel, concevant plusieurs monuments aux morts dont les lignes géométriques demeurent des jalons d’histoire dans les villages de la région. Les émouvantes statues allégoriques du sculpteur Arthur Guéniot terminent un parcours diversifié dans une scénographie sobre mais sombre. Ce qui frappe, c’est la sincérité de ces œuvres, l’absence de complaisance ou de surenchère. Un des artistes avait pris pour maxime « L’art est une blessure qui devient lumière ». Des mots forts. Ils sont de Georges Braque.

« 1914-1918, 1939-1945. Artistes en guerre »

Historial de la Vendée, allée Paul-Bazin, Les Lucs-sur-Boulogne (85), www.historial.vendee.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°687 du 1 février 2016, avec le titre suivant : Leur arme, c’était leur art

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