Grand-Hornu (Belgique)

Les mille visages de saint Georges

MAC’S jusqu’au 17 janvier 2016

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 18 novembre 2015 - 310 mots

Il était une fois un terrible dragon semant la mort et l’effroi dans la cité libyenne de Silcha. Pour apaiser l’appétit du monstre, la population devait lui livrer d’innocentes victimes sacrificielles, jusqu’au jour où Georges, valeureux soldat chrétien, s’en alla combattre la créature.

Le chevalier la terrassa, mais ne l’acheva qu’une fois de retour dans la cité, à la condition expresse que la ville entière se convertisse au christianisme. La population fut baptisée, le mal anéanti, et le mythe de saint Georges était né. L’histoire remonte à la toute fin de l’Antiquité, mais elle ne connut un succès tonitruant qu’à partir du XIIIe siècle, quand Jacques de Voragine lui donna ses lettres de noblesse dans La Légende dorée. À compter de cette date, Georges devint l’un des saints les plus vénérés d’Occident. Plusieurs corporations et royaumes en firent leur patron, et il s’imposa comme une source iconographique intarissable pour les artistes, des plus éminents aux manifestations les plus rustiques. C’est sur les traces de ce brave chevalier que nous entraîne le MAC’S. Peintures, sculptures, manuscrits et objets d’art illustrent son incroyable fortune plastique du Moyen  Âge au XIXe siècle et la constante réinterprétation de ce sujet. Le parcours essentiellement chronologique convoque des œuvres extrêmement variées témoignant d’un solide travail de recherche. Il rassemble quelques très belles pièces : le reliquaire de Charles le Téméraire, une enluminure de Marmion, un grand tableau du Tintoret ou encore une étonnante corne à boire des archers d’Amsterdam. L’accrochage pâtit cependant d’un manque de mise en perspective, ainsi certaines séquences se limitent à dresser un inventaire à travers une succession de pièces trop proches. L’ensemble demeure pourtant intéressant et agréable à visiter, à l’inverse du contrepoint contemporain. Hormis la proposition de Penone (un arbre foudroyé accompagné d’un grand bronze), les autres créations apparaissent comme de bien pâles évocations du mythe ; sans force ni pertinence.

« L’homme, le dragon et la mort. La gloire de saint Georges »

MAC’S Musée des arts contemporains de la Fédération Wallonie-Bruxelles, rue Sainte-Louise, Hornu (Belgique), www.mac-s.be

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°685 du 1 décembre 2015, avec le titre suivant : Les mille visages de saint Georges

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