Peindre, disent-elles

Rien n’est moins sûr en revanche qu’on le devine à la seule vue des œuvres, d’où le doute de la pertinence d’une telle réunion en termes de production de sens. Sinon de constituer comme un florilège de l’actualité picturale au féminin. Toutefois, l’intérêt du propos imaginé par Annabelle Ténèze, la dynamique maîtresse des lieux, et la critique d’art Julie Crenn tient en premier lieu à deux observations : le constat d’un retour du regard sur la peinture et celui de la prégnance de la population artistique féminine, notamment en ce domaine. Il relève ensuite d’un choix d’artistes plus ou moins repérées (elles sont dix-neuf) dont la pratique de la peinture exploite les chemins les plus divers, qu’il s’agisse de projet ou de sujet, de figuration ou d’abstraction, de composition ou de facture. Enfin, il témoigne d’une qualité qui n’est pas si fréquente aujourd’hui, à savoir celle de l’incarné. 

À ce compte et au jeu souvent cruel de la confrontation, certaines tirent davantage leur épingle du jeu, à l’instar d’Élodie Lesourd, Iris Levasseur, Claire Tabouret, Maude Maris, Eva Nielsen, Béatrice Cussol et Amélie Bertrand. Ce qui est stimulant, c’est qu’en regrettant immanquablement l’absence de certaines, on ne peut que se réjouir de la bonne santé de la scène artistique versant peinture, telle qu’elle se développe chez nous et qu’elle est notamment portée par les femmes. Philippe Piguet