Toronto (Canada)

Une faible explosion

Art Gallery of Ontario jusqu’au 15 novembre 2015

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 septembre 2015 - 307 mots

L’histoire de la représentation de la bombe atomique jusqu’aux effets délétères du nucléaire civil est une histoire contrastée qui fascine l’universitaire John O’Brian depuis des décennies.

L’exposition à l’Art Gallery of Ontario de Toronto constitue le point d’orgue de longues années d’études pour ce chercheur qui livre une exposition riche mais un brin répétitive, curieusement déconnectée des débats actuels. Même si Fukushima est évoqué, quid de l’embargo sur l’Iran et de la menace larvée en Russie, comme des débats écologiques ? L’exposition s’ouvre sur les effets dévastateurs de « Little Boy » sur Hiroshima et de « Fat Man » sur Nagasaki, ainsi que sur un étrange lustre luminescent. Ken and Julia Yonetani l’ont réalisé à partir de verre traité à l’uranium dont l’une des propriétés est de produire une lumière verdâtre une fois exposé aux rayons UV. Isolé des vingt-huit autres exemplaires d’une installation réalisée en 2012, l’objet est presque rendu anecdotique. C’est le danger qui plane sur toute l’exposition. Les salles s’enchaînent, thématiques, suivant la transformation de la culture atomique en menace nucléaire. Si la pertinence des quelque cent cinquante œuvres et documents rassemblés est sans équivoque, le manque de substance et d’argumentation dans les salles amène le visiteur à rester parfois circonspect devant les images et à trouver le « motif » atomique lassant. La dernière salle superpose l’industrie de l’uranium (et ses effets corrosifs) à une série sur le rôle de l’atome dans le champ médical, articulation réaliste mais peu réussie. Le catalogue, roboratif, est là pour pallier ces ruptures de transmission avec le public, mais il est dommage de ne pas en faire plus dans l’exposition. Toutes les sources et les images ne se valent pas, surtout dans un domaine où la propagande et les mensonges ont fait grand usage des images. Le tout reste sage, manquant un peu de mordant critique envers un sujet sans doute trop admiré.

« Camera Atomica », Art Gallery of Ontario, 317 Dundas St W, Toronto (Canada), www.ago.net

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°683 du 1 octobre 2015, avec le titre suivant : Une faible explosion

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