Londres (Grande-Bretagne)

Agnès Martin, le regard à l’épreuve

Tate Modern Jusqu’au 11 octobre 2015

Par Pierre Pons · L'ŒIL

Le 26 août 2015 - 316 mots

Le Tate Modern présente la première rétrospective d’envergure en Europe d’Agnès Martin, peintre née au Canada en 1912, décédée quatre-vingt-douze ans plus tard aux États-Unis après y avoir effectué sa carrière.

Si son nom n’est pas totalement sorti des radars – défendue aujourd’hui par la puissante galerie Pace, Agnès Martin reçut un Lion d’or à Venise en 1997 –, il demeure suffisamment discret pour aller à Londres y voir de plus près. Tant mieux, car c’est bien ce qu’il s’agit de faire avec l’artiste, comme le révèle l’exposition : regarder au plus près. La première salle de la Tate plante le visiteur face à six tableaux, les toutes dernières peintures de Martin. Six toiles composées de bandes horizontales de couleurs pâles ; six œuvres qui seraient minimalistes si leur légère vibration n’invitait pas le regard à s’approcher… Plus l’œil s’approche, et plus il perçoit alors les fins traits de crayons noirs qui séparent les bandes colorées. Car ce qui intéresse Agnès Martin, c’est moins de dépouiller la peinture de son geste qu’au contraire de le revendiquer ; moins de s’effacer que de s’affirmer par son pinceau et son crayon, fût-ce par l’expression minimale de simples bandes et lignes. Une fois compris cela, le visiteur peut remonter le fil chronologique de la carrière de l’artiste. Partir des œuvres des années 1950, empreintes du surréalisme de Miró et de Calder, pour la voir évoluer vers un expressionnisme abstrait qui flirte parfois avec celui de Rothko ou de Barnett Newman, ses amis, mais qui trouve vite sa propre expression dans l’entrelacs de lignes horizontales et verticales dessinées au crayon sur, sous ou entre la peinture. Dans la neuvième salle, douze toiles blanches de même dimension invitent à la concentration (The Islands, 1979). En dépit des apparences, pas une toile n’est identique. Elles disent beaucoup des recherches spirituelles d’Agnès Martin, son recueillement, sa discrétion au monde et la schizo-phrénie dont le peintre, paraît-il, souffrait.

« Agnès Martin »

Tate Modern, Bankside, Londres (Grande-Bretagne), www.tate.org.uk Offre 1 billet acheté, un billet offert avec Eurostar : www.eurostar.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Agnès Martin, le regard à l’épreuve

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