Marseille (06)

Futurs, c’était déjà demain !

Centre de la Vieille Charité Jusqu’au 27 septembre 2015

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 24 juin 2015 - 302 mots

Les expositions estivales de la Vieille Charité organisées autour d’un thème générique, destiné à un public nombreux, frôlent parfois la boulimie picturale, mais cette fois la profusion ne tourne pas à la confusion.

L’exposition « Futurs » explore de façon large mais structurée la mémoire du futur, à travers l’esprit visionnaire des avant-gardes du XXe siècle nourries par le développement de la science dans les domaines de l’architecture, de la robotique et de l’imagerie spatiale. Elles feront de ce fait émerger un nouveau langage, tour à tour utopique, pessimiste ou poétique. Pour illustrer ce thème, le parcours s’articule en trois parties à l’intérieur desquelles les œuvres et les idées se répondent ou se confrontent : la première partie, « Metropolis », tirée du film de Fritz Lang, montre le pouvoir macrophage des métropoles fourmillantes à travers les machines de Carl Grossberg et les photomontages labyrinthiques du  dadaïste Paul Citroën, tandis que l’utopie futuriste d’un Marinetti ou d’un Balla fait a contrario l’apologie du progrès et de la machine. La partie suivante, intitulée « Guerre des mondes », préfigure la Seconde Guerre mondiale et la guerre froide qui oppose l’URSS et les États-Unis, notamment dans la conquête spatiale. Les artistes de la Figuration narrative, Martial Raysse, Rancillac, Erró, la célèbrent sous forme de récits fantastiques mêlant astronautes et odalisques, alors qu’à l’inverse Roberto Matta dénonce un monde « chaoscosmique ». Le dernier axe explore « L’Odyssée de l’espace », celle des Constellations oniriques de Miró et celles vibrantes de couleurs de Matisse jusqu’aux reliefs planétaires d’Yves Klein, qui démontrent la façon dont les artistes ont imaginé l’espace, le lointain, les premiers de façon métaphorique, les seconds de manière réaliste. L’espace de la chapelle dévolu aux sculptures et aux installations clôt la visite par une immense structure biomorphique de Bruno Peinado, Silence is Sexy, à la fois impénétrable et sensuelle, ambivalente donc, comme l’esprit de cette exposition.

« Futurs, de la ville aux étoiles »

Centre de la Vieille Charité, 2, rue de la Charité, Marseille (13), vieille-charite-marseille.com

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Futurs, c’était déjà demain !

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