Aux sources du design italien

Musée d’Orsay Jusqu’au 13 septembre 2015

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 23 juin 2015 - 302 mots

Dans l’Italie tout juste unifiée (1861), marquée par la Première Guerre mondiale puis par la montée du fascisme, les arts décoratifs surprennent par leur étonnante créativité.

L’exposition s’intéresse aux différents mouvements qui se sont succédé à un rythme effréné dans cette période comprise entre 1900 et 1940 et pose en filigrane la question de la place et de la liberté de l’art vis-à-vis du politique. Au début du siècle, le Liberty, équivalent italien de l’Art nouveau, fleurit dans une Italie encore très divisée. Dans le Nord industrialisé, Carlo Bugatti expose son salon dit « Escargot ». Les meubles déroutent avec leurs formes fluides, fantastiques, recouverts de parchemin avec des motifs exotiques et japonisants. À Venise, le touche-à-tout Vittorio Zecchin est fortement influencé par la Sécession viennoise dans sa fresque Les Mille et Une Nuits, créée en 1914 pour l’hôtel Terminus et dont le panneau exposé a été acquis en 2013 par le Musée d’Orsay. Cette même période marque l’entrée en scène des futuristes. Loin de la tentation fasciste du poète Marinetti, les artistes Balla et Depero déploient une esthétique étonnamment joyeuse (la tapisserie La Chevauchée fantastique de Depero en 1920). L’après-guerre signe un « retour à l’ordre » incarné par les lignes néoclassiques des verres de Zecchin et des meubles de Gio Ponti, vers le style Novecento naissant. L’architecte Marcello Piacentini signe à la fois des bâtiments imposants néo-romains pour Mussolini et des meubles résolument modernes, à la ligne simple, d’un rouge vif, japonisant. Mais aussi des fauteuils en tubes métalliques, proche du rationalisme italien qui s’inspire de Marcel Breuer et de Le Corbusier (fauteuil de Giuseppe Terragni, 1936). La Seconde Guerre mondiale va marquer un coup d’arrêt, mais le titre de l’exposition suggère que cette ébullition des arts dits « mineurs » contient en germe le design industriel des années 1960, celles de la véritable dolce vita.

« Dolce Vita ? Du Liberty au design italien », (1900-1940)

Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris-7e, www.musee-orsay.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Aux sources du design italien

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