Paris-16e

Le théâtre en Asie, si beau sans Mata Hari

Musée Guimet Jusqu’au 31 août 2015

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 23 juin 2015 - 354 mots

Une robe à motifs de dragons, de mer et de soleil sur fond d’or, tout en soie et fils métalliques : voici un des somptueux costumes de l’Opéra de Pékin sauvé de la révolution culturelle chinoise. Il appartenait à l’acteur Shi Pei Pu (1938-2009), dont une trentaine de costumes est encore conservée dans une collection privée.

C’est à partir de ce trésor que le Musée Guimet invite à la découverte du théâtre de divertissement, qui s’oppose au théâtre rituel, et des diverses formes qu’il prend en Asie. C’est un théâtre toujours didactique qui met en scène l’affrontement du Bien et du Mal dont les personnes types sont issues de grandes épopées ou d’histoires légendaires. Ainsi des récits du Mahabharata et du Ramayana en Inde. Les costumes sont imposants et le maquillage outrancier pour que le spectateur repère immédiatement le personnage : le visage vert du démon ou le visage rouge du héros.

En Asie du Sud-Est où se sont répandus les trois types de théâtre indien, les masques-heaumes ont remplacé le maquillage. Les mêmes épisodes sont repris dans le cinéma bollywoodien dont une scène au kitsch assumé défile sur l’écran à proximité des costumes anciens. Au Japon aussi le théâtre inspire le cinéma. En 2002, le réalisateur japonais Takeshi Kitano reprend une célèbre pièce du théâtre de marionnettes japonais, le bunraku, dans son film Dolls (2002). Ce théâtre populaire partage avec celui plus élitiste, le nô, la représentation stéréotypée des personnages.

Dans le théâtre nô, le costume est le décor, il permet de situer la scène, pour qui est habitué à lire les signes. Sur le premier présenté dans cette seconde partie de l’exposition consacrée au Japon, les zigzags suggèrent un sentier, les feuilles, l’automne, et la couleur sombre, le crépuscule. Plus éblouissants encore, les costumes de l’artiste Itchiku Kubota, qui s’est éteint en 2003, représentant le mont Fuji dans la série du même nom, et une « Symphonie de lumière », mêlant la peinture, l’impression, le gaufrage, l’encre, la broderie et les fils métalliques, viennent clore une exposition lumineuse. L’évocation de Mata Hari et de ses danses « brahmaniques » dans la bibliothèque d’Émile Guimet en devient superficielle.

« Du nô à Mata Hari. 2000 ans de théâtre en Asie »

Musée Guimet, 6, place d’Iéna, Paris-16e, www.guimet.fr

Légende Photo :
Robe de cour à motifs de dragons et coiffe réservée aux lettrés, grands aristocrates et premiers ministres, pourvue d’ailettes (shamao), Chine, milieu du XIXe siècle, soie et fils métalliques, 170 x 300 cm, ancienne collection Shi Pei Pu. © Photo : Thierry Ollivier / MNAAG-Artlys.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Le théâtre en Asie, si beau sans Mata Hari

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