Chambres claires

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 22 juin 2015 - 350 mots

La solitude selon Lucien Clergue
Premier photographe à siéger sous la Coupole, Lucien Clergue (1934-2014) fixe sur la pellicule, au début des années 1970, ces superbes sables de Camargue qui accrochent, c’est selon, une plante isolée, des cercles énigmatiques, une lumière ineffable, un nu. Sur cette plage en retrait, de retrait, Clergue capture l’énigme et l’évidence, celles qui, souvent solidaires, sont mises « en lumière par la pensée de Roland Barthes ». Implacable. Impeccable.
« Hommage à Lucien Clergue », jusqu’au 30 août 2015. Musée de Gajac, Villeneuve-sur-Lot (47). Un hommage au photographe sera également rendu dans le cadre des Rencontres d’Arles 2015.

Le corps selon Frédéric Cornu
Balnéaires (1990-2010) désigne une longue série que le photographe français Frédéric Cornu, né en 1959, réserve à celles et ceux qui, baigneurs et bronzeurs impénitents, arpentent quotidiennement les plages. Le corps y apparaît dans sa vérité nue, entre Diane Arbus et Lucian Freud, entre réalisme et expressionnisme, documentaire et sublimation. Intense.
www.frederic-cornu.com

La mondialisation selon Martin Parr
« Life’s a Beach » dit l’exposition niçoise consacrée aux travaux du photographe Martin Parr. La vie comme une plage et la plage comme une vie. Chiasme infini, où le monde semble sempiternellement oisif et l’oisiveté inévitablement mondaine. Chez le photographe britannique, les corps triomphent, ou plutôt essaient de triompher, entre kitsch assumé et chromie désabusée. La manifestation azuréenne, qui regroupe quelque soixante œuvres réalisées en Grande-Bretagne, au Brésil ou au Japon témoigne d’une universalisation du désœuvrement comme d’une mondialisation du corps, soumis aux mêmes canons normatifs et, le plus souvent, coercitifs. La plage, devenue un magnifique vivarium humain. Le conformisme y est la règle, puisque le monde partage les mêmes horloges, les mêmes rites et les mêmes désirs. L’entassement y est la loi. Partout, nous (dé)montre Parr, on bronze et on bavarde à l’identique. En définitive, aux quatre coins de ce gigantesque globe infernal, on s’ennuie de la même manière.     
« Martin Parr, Life’s a Beach. Un Anglais à Nice », jusqu’au 13 septembre 2015. Théâtre de la photographie et de l’image (TPI), Nice (06), www.tpi-nice.org et Studio éphémère, du 8 au 12 juillet 2015, au TPI.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Chambres claires

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