Peindre la plage

Par Colin Lemoine · L'ŒIL

Le 22 juin 2015 - 312 mots

Les secrets de Pablo Picasso
Été 1928. Avec son épouse Olga et leur jeune fils Paulo, Picasso (1881-1973) passe l’été à Dinard, comme depuis plusieurs années. Un peu à contrecœur. Quoique… Là, tandis qu’il peint des baigneuses désarticulées, il rencontre secrètement sa maîtresse Marie-
Thérèse, qu’il a installée dans une pension voisine. La plage, terrain de jeux.
www.museepicassoparis.fr 

Les variations atmosphériquesdu peintre Eugène Boudin
À compter des années 1860, le second Empire sacre une société de loisirs où l’oisiveté devient une vertu cardinale de la bourgeoisie, désireuse d’exploiter son temps comme elle le veut, quitte à le perdre. Le désœuvrement devient le maître mot et la plage l’épicentre de pratiques qui attire bientôt casinos et hippodromes. Admirateur de Corot et idole de Monet, Eugène Boudin (1824-1898) fut l’un des premiers artistes à représenter ces nouveaux tropismes, que peuplent des estivants parés de chapeaux, d’ombrelles et d’habits encore fastueux. Ici, la plage constitue une sortie, non un divertissement. Mondaine, elle n’est pas encore populaire. On y sort comme au théâtre, histoire de voir et d’être vu. Par petites touches de couleur (La Plage de Trouville, 1864), Boudin livre une scène d’un nouveau genre et trahit les variations atmosphériques qui irisent les ciels comme les sables et dessinent les ombres délicates d’une journée finissante. L’impressionnisme n’est pas loin, assurément.
www.musees-honfleur.fr 

Les silences de Lyonel Feininger
L’Allemand Lyonel Feininger (1871-1956), avec sa manière singulière de fragmenter des formes vibratiles comme à travers un prisme, est un immense paysagiste ainsi que l’attestent, exposées au Musée André Malraux du Havre, ces nombreuses vues urbaines et, de manière plus inattendue, ces représentations de plages (Au bord de la mer, 1911). Aux confins de l’expressionnisme et du cubisme, Feininger livre un monde désolé où le silence le dispute superbement à l’énigme.
« Lyonel Feininger, l’arpenteur du monde », jusqu’au 31 août 2015. Musée d’art moderne André Malraux, Le Havre (76), www.muma-lehavre.fr 

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Peindre la plage

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque