Anvers (Belgique)

Rubens parmi les siens

Maison de Rubens Jusqu’au 28 juin 2015

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 13 mai 2015 - 319 mots

Artiste de tous les superlatifs, Pierre Paul Rubens (1577-1640) est aussi le créateur le plus polyvalent du Grand Siècle : peintre, architecte, chef d’atelier et, accessoirement, un diplomate anobli deux fois.

Jonglant entre ces différentes activités, le maître a toutefois trouvé le temps d’immortaliser régulièrement ses proches. Surtout réputé pour ses grandes compositions religieuses et mythologiques, Rubens n’a pas franchement marqué l’art du portrait officiel, livrant des œuvres assez stéréotypées. Les dessins et tableaux de sa famille sont d’un tout autre acabit : expressifs, spontanés, frais et souvent tendres. Loin du démiurge, c’est l’homme aimant qui croque son entourage. Cet album de famille dispersé à travers le monde se recompose partiellement pour une exposition dans sa demeure familiale d’Anvers. Ou plus exactement dans la maison-musée reconstituée au XXe siècle. Ils sont tous là, Philippe, le frère ainé, dont il brosse un affectueux portrait posthume tout en retenue, et, bien sûr, ses deux épouses, Isabella Brant et Hélène Fourment. L’artiste a pris un plaisir manifeste à rendre le charme piquant de la première dans des tableaux complices, autant qu’à dessiner les formes généreuses de celle que l’on surnommait « la Belle Hélène ». Deux portraits, dont un récemment réattribué à Rubens, trahissent aussi sa tendresse pour sa fille, l’espiègle Clara Serena. Hélas contrairement à certaines réunions de famille, celle-ci est trop brève. Vingt-cinq œuvres du maître, dont une quinzaine de tableaux, c’est un peu léger, même pour les Rubéniens les plus ardents. À moins de profiter du voyage à Anvers pour découvrir les chefs-d’œuvre du peintre disséminés dans les églises de la ville. À commencer par deux morceaux d’anthologie, les fleurons de la cathédrale Notre-Dame : L’Érection de la Croix et La Descente de Croix. Une visite d’autant plus incontournable que le monument accueille pendant les travaux du Musée des beaux-arts les magnifiques retables de Metsys et Floris commandés par les guildes de la ville pour orner leurs propres autels.

« Rubens privé »

Maison de Rubens, Wapper 9-11, Anvers (Belgique), www.rubenshuis.be

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : Rubens parmi les siens

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