Bruce Gilden - L’audacieux

Ses photographies disent beaucoup de lui, de son audace dans la prise de vue, toujours sur le vif et au plus près, le flash à la main. Célèbre pour ses portraits en plan rapproché de ceux et celles qui accrochent son œil dans la rue, le photographe américain Bruce Gilden « aime les tempéraments », les visages marqués, cabossés, usés, expressifs, loin de l’ironie grinçante d’un Martin Parr. Brooklyn, territoire de son enfance, a été le cadre privilégié de ses premières observations et attirances pour ce qu’il voyait. « La rue est ma deuxième maison », aime-t-il rappeler. Des plages de Coney Island (qui furent le sujet de sa première série réalisée de 1970 à 1986) à Haïti, des gangs et des sans domicile fixe au Japon à la carte blanche que lui a donnée en début d’année la RATP sur la mobilité urbaine dans cinq villes où la société est implantée, le « street photographer », membre de l’agence Magnum, s’est toujours affranchi des codes et des milieux, en particulier ceux de la presse et de l’art, pour ne suivre que son instinct. À Paris, à Johannesburg, à Hong Kong, à Manchester comme à New York, les regards réfléchissent ce que Bruce Gilden a ressenti en marchant dans ces villes. Paris, qu’il connaît bien – sa femme est française –, détenant tristement la palme de l’arrogance et de l’agressivité.