Musée

Maud Gérard - Ève

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 11 mai 2015 - 384 mots

PARIS

Peintre belge méconnue, Maud Gérard fait son entrée au Musée d’art moderne de la Ville de Paris grâce à la générosité de sa Société des amis à qui la beauté et la singularité de l’œuvre n’ont pas échappé.

Maud Gérard
Née en 1915, en Angleterre, Maud Gérard intègre l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles en 1931. Régulièrement primée, elle rejoint, en 1935, l’atelier de « Peinture décorative » alors dirigé par Anto Carte (1886-1954). Sous son enseignement, Maud Gérard acquiert la monumentalité qui caractérise ses compositions de grand format, à l’image du tableau que vient d’acquérir le musée. Boursière en 1936, l’élève gagne Paris, alors en pleine effervescence des préparatifs de l’Exposition internationale. Son prix de Rome, obtenu en 1941, lui octroie un séjour à l’Academia Belgica, à Rome, suivi d’un second en 1956. Profitant d’une certaine aisance financière, Maud Gérard n’eut jamais la nécessité d’exposer régulièrement son travail, si bien que son œuvre resta confidentielle jusqu’ à la dispersion de son fonds atelier, suite à son décès, en 2013.

Ève
L’identité de la figure est renseignée par la présence des attributs iconographiques associés à la « mère de l’humanité », à savoir, l’arbre, la pomme et le serpent qui rampe à ses pieds. 

10 000 €
Repéré au Pad (Paris) 2014, sur le stand de la Galerie Vincent Lécuyer, le tableau est aussitôt réservé par les Amis du musée qui vient d’en concrétiser l’achat. Une acquisition conforme à la politique de l’institution passée maîtresse dans la redécouverte des artistes oubliés du XXe siècle.

Poupée de feu
Par une étrange inversion des couleurs, Ève est rouge et la pomme est verte. D’autres anomalies sautent aux yeux comme le corps de la première femme, si allongé qu’il cache le tronc de l’arbre. Cette anatomie filiforme est en vérité typique du canon adopté par Maud Gérard dans ses compositions allégoriques des années 1930. Il est tentant de le rapprocher des figures stylisées de Jean Dupas (1882-1964) et d’attribuer les yeux vides de notre « poupée de feu » à l’influence d’Anto Carte, son professeur jusqu’en 1937.

1937
Millésime particulier pour le musée abrité dans l’aile est du Palais de Tokyo construit pour l’Exposition internationale des arts et techniques de 1937. Le tableau, contemporain de sa nouvelle demeure, est, comme elle, fortement marqué par l’esthétique Art déco.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°680 du 1 juin 2015, avec le titre suivant : Maud Gérard - EVE

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